Il semble que le mémorandum marocain n'était que le prélude à une étape velléitaire préparée de longue date. Comme d'habitude, c'est la presse marocaine qui monte aux premières lignes, éclaireurs peu éclairés, annonçant comme des ballons sondes, les étapes suivantes que compte franchir Rabat concernant le conflit du Sahara occidental. Cette fois-ci, c'est un journal «indépendant», Al-Ayyam, qui sonne le clairon de la guerre en soulignant dans son édition d'hier, sans qu'il soit possible de donner quelque crédit à de pareilles assertions, que «le conflit du Sahara occidental est revenu à la situation du milieu des années 1970». Le journal, trahissant à son tour l'échec de toute la démarche marocaine depuis la fameuse «marche verte», reconnaît que la «tension militaire demeure possible dans la région si l'ONU s'en lave les mains». Sans surprise aucune, le journal se perd en conjectures, mais aussi en critiques et accusations d'une gravité extrême envers notre pays, tentant de démontrer, sans grand succès, que si la guerre frappait de nouveau aux portes, ce ne pourrait être que du fait de notre pays. Est-il besoin de souligner, en effet, que c'est Rabat qui a ouvert les hostilités en envahissant le Sahara occidental en 1975? Depuis, il refuse catégoriquement d'entendre raison, demeurant l'un des ultimes colonisateurs dans une planète qui en a fini avec ce fléau depuis de nombreuses années. C'est également le Maroc qui a tenté d'envahir notre pays au lendemain de son indépendance dans le but d'accaparer des territoires qu'il pense être siens alors que les lois internationales sont on ne peut plus claires à ce propos, et ne souffrent aucune autre interprétation. Toujours est-il que si le risque d'un nouveau conflit armé se fait jour dans la région, sans que notre pays ne soit concerné en rien, il ne pourra, une fois de plus, n'être que le fait des politiques et forces armées marocaines. La Rasd (République arabe sahraouie démocratique) a clairement signifié, à maintes reprises, que ni les provocations ni les attaques armées ne viendraient jamais en premier d'elle. La sortie a de quoi surprendre plus d'un. Le Maroc, après avoir cherché la médiation internationale, ne voulait plus en entendre parler depuis que le Conseil de sécurité a opté en faveur de l'autodétermination souveraine et démocratique du peuple sahraoui par voie référendaire. Revenant sur le paraphe des accords de Houston, Rabat, du vivant du roi Hassan II, n'avait de cesse de claironner que la solution était entre les mains de l'Algérie, cherchant à tout prix des négociations bilatérales avec notre pays, ce que nous avons toujours rejeté tant que le Polisario en était exclu, et tant que cela ne se passait pas sous les auspices des instances internationales habilitées, à commencer par les Nations unies. Dans un mémorandum adressé le 24 septembre à l'ONU, le Maroc, et sans crier gare, est revenu sur cette stratégie, dénonçant «l'implication directe» de l'Algérie dans le conflit du Sahara occidental, et sa «tutelle» exercée sur le Front Polisario. Des accusations certes très graves, mais qui ont laissé de glace la puissante diplomatie algérienne, se contentant juste de souligner finement que ce document n'apportait rien de nouveau. Décodé, ce langage diplomatique signifierait que le Maroc continue de se noyer dans ses propres contradictions et de lancer, à l'emporte-pièce, des accusations que personne n'a jamais prises au sérieux, comme le prouve la dernière offensive avortée du défunt axe Rabat-Paris-Madrid.