Timidement d'abord, les tambours guerriers déchaînés par la presse de Sa Majesté sonnent le début d'un nouveau conflit armé. Aux yeux de la presse marocaine, qui n'écrit que sous l'inspiration du Palais royal, la guerre entre l'Algérie et le Maroc ne fait presque plus de doute. Sous des titres guerriers, montant en épingle les acquisitions faites récemment par notre armée, ces journaux, toutes tendances confondues, établissent une grave confusion entre les besoins internes et stratégiques de l'Algérie, accusent Alger de velléités guerrières qui ne sont, en fait, que celle de Mohammed VI. Ce dernier, essuyant un terrible échec sur le plan diplomatique face à un homme comme Bouteflika, contraint désormais à la défensive, tente de détourner l'attention sur les graves problèmes socio-économiques de son royaume et la montée en puissance du terrorisme islamiste en fomentant une guerre dans la région. La méthode, vieille comme le monde, est éprouvée. Le Royaume, en outre, a eu à faire face à de très graves révélations faites aussi bien par un Hicham Mandari, assassiné en Espagne dans d'obscures circonstances, que par l'ancien homme fort du régime du défunt Hassan II, Driss Basri. Il en ressort, grosso modo, que le Maroc a fomenté de nombreux complots contre notre pays, allant même jusqu'à accorder aide et asile aux terroristes du Gia avant que le retour de manivelle ne se fasse sentir sous la forme des terribles attentats de Casablanca. Le Maroc, qui ne semble pas digérer le fait que notre pays ait repris sa place dans le concert des nations, admet d'autant moins que notre armée, en passe de se moderniser, soit appelée dans le proche avenir à jouer un rôle de premier ordre dans la préservation de la sécurité dans la région méditerranéenne et africaine. Ce n'est pas tout. Il trouve beaucoup de mal à supporter que sa dernière offensive diplomatique, lancée avec l'aide des Espagnols et des Français, se soit terminée en «eau de boudin». Or, comme un malheur n'arrive jamais seul, la démission de James Baker de son poste de représentant de Kofi Annan pour le Sahara occidental, n'a infléchi en rien la démarche onusienne, respectueuse des textes internationaux et permettant donc au peuple sahraoui de décider souverainement de son destin par voie référendaire. S'il est carrément question de guerre aux yeux de la presse marocaine, qui soulève le sujet quotidiennement sur ordre du Palais royal, il ne fait aucun doute que cela est en rapport avec le dernier mémorandum adressé par le royaume chérifien à l'ONU, contredisant sa stratégie développée de longue date et qui n'a pas, lui aussi, été pris en considération par un Conseil de sécurité qui doit se pencher dans les prochains jours sur le sujet afin de réitérer son appel à l'application du plan Baker et au respect des accords de Houston. La question qui se pose présentement, la seule puisque le droit du peuple sahraoui à décider de son sort ne fait aucun doute, est de savoir si le Maroc passera à l'acte après les menaces, comme il l'avait déjà fait par le passé. Le désespoir peut en effet pousser aux actes les plus fous, quitte à ce que les conséquences en soient tout simplement désastreuses.