Pour le président algérien, l'édification de l'UMA est une nécessité bien plus qu'un simple choix stratégique. Le toast offert dans la nuit de samedi au chancelier allemand a été l'occasion pour le président Bouteflika de mettre définitivement certains points sur les I. Répondant ainsi aux multiples attaques marocaines déchaînées contre notre pays, aussi bien de la part de la presse, que des institutions, lesquelles sont allées jusqu'à le faire de la manière la plus officielle qui soit au sein des Nations unies. Bouteflika, qui met en avant toutes les réalisations accomplies par notre pays en un laps de temps très court, enchaîne sur la nécessité de maintenir la dynamique vis-à-vis des défis posés au voisinage à travers la construction «de grands ensembles régionaux». Aux yeux du président, donc, «l'Union du Maghreb arabe se pose aujourd'hui comme une nécessité absolue». Remettant à sa place le chantage marocain venu bloquer cette édification tant que le Sahara occidental ne sera pas devenu sien, alors que cette question de colonisation se posait déjà au moment de la ratification de la charte de Marrakech, Bouteflika rappelle au contraire que «rien ne saurait valablement s'opposer au lancement de cette entreprise d'envergure», ajoutant qu'«aucune considération ne pourrait justifier le blocage ou le report du processus unitaire maghrébin». L'allusion, clairement, a trait à la question du Sahara occidental, devenue un préalable pour le Maroc, prêt à entrer en guerre pour cela, sans que la moindre raison raisonnable vienne justifier une pareille folie guerrière, hormis les graves problèmes internes que vit le Royaume. Ceux-ci, aussi bien d'ordre sécuritaire que démocratique, social et économique, font littéralement chanceler le trône, lequel, pour s'en sortir, n'aurait pas trouvé d'autre alternative que de déclencher une guerre qui occulterait d'une part l'ensemble de ces problèmes et de l'autre réveillerait l'esprit nationaliste des sujets marocains tous unis de nouveau derrière leur jeune souverain. L'Algérie, qui a bien souvent joué la carte de l'apaisement et de la légalité internationale, n'a pas été en reste dans cette courte allocution présidentielle. Bouteflika, qui enchaîne à juste titre de l'UMA vers la question du Sahara occidental, précise que cette dernière «ne devrait pas constituer un handicap pour la réalisation de l'Union du Maghreb Arabe». Le chef de l'Etat, fort du retour en force de notre pays sur le devant de la scène internationale et de la justesse de nos vues, explique cette analyse par le fait que «de l'avis même de la communauté internationale tout entière, c'est un problème de décolonisation inachevé dont la solution réside dans l'application des résolutions pertinentes des Nations unies, relatives au droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination au moyen d'un référendum libre et impartial». Cette énième mise au point intervient au moment où les plus hautes autorités algériennes ont mis le holà aux spéculations de certains titres de la presse marocaine faisant état de mouvements de troupes algériennes massées à nos frontières ouest. Les autorités marocaines, qui ne rêvent que de cela, auraient de leur côté entrepris de se préparer à déterrer de nouveau la hache de guerre. Elles se prépareraient carrément à reprendre le conflit armé avec le Polisario dans une tentative désespérée d'accaparer les territoires libérés et de mettre la communauté internationale devant le fait accompli. L'affaire de l'îlot du Persil est assez illustrative du propos. Ce qui empêche le Palais pour le moment de mettre en application ce plan c'est la présence des forces d'interposition onusiennes dont le mandat expire mais aussi le fait que la commission onusienne chargée de la décolonisation est en ce moment penchée sur une résolution introduite par notre pays, soutenu en cela par pas moins de 42 nations, et non des moindres.