Trente personnalités turques, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, ont signé hier une tribune intitulée «Nous sommes derrière vous» dans le quotidien Cumhuriyet, contre le rédacteur en chef duquel le président Recep Tayyip Erdogan a porté plainte. «La démocratie et la liberté d'expression ne devraient pas être sacrifiées à la frénésie des élections et la haine qu'elle génère», a écrit M. Pamuk. Proche de l'opposition, Cumhuriyet a publié vendredi dernier des images suggèrant que le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir à Ankara a fourni des armes aux rebelles jihadistes syriens. Ces allégations ont provoqué la colère du régime, qui a toujours catégoriquement nié soutenir les groupes islamistes hostiles au régime de Damas. M.Erdogan a menacé le quotidien et son rédacteur en chef Can Dündar, promettant qu'il «paierait le prix fort» pour son article. Mardi dernier, il a personnellement déposé plainte contre lui pour espionnage et publication de fausses informations. Cette nouvelle controverse entre M.Erdogan et la presse intervient à quelques jours des élections législatives de dimanche en Turquie. Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, y part favori mais affaibli, selon les sondages. M.Erdogan espère cependant une large victoire de l'AKP pour réformer à sa main la Constitution.