Ce sont là des jalons indéniables qui viendront baliser la voie de l'ijtihad, si dévoyé et si galvaudé depuis des décennies. Le projet portant création d'un Observatoire national pour la lutte contre l'extrémisme religieux sera bientôt présenté au gouvernement. C'est ce qu'a indiqué le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui a précisé que cette structure devrait avoir un caractère «consultatif» et serait composée des représentants de plusieurs secteurs dont celui de l'intérieur et des collectivités locales, de l'éducation, de la communication etc. Objectif affiché de cette démarche, une stratégie pédagogique, d'abord, et dissuasive, ensuite, pour «prémunir la jeunesse contre les idées étrangères à notre société». Point n'est besoin de disserter sur les dangers que colportent certains imams autoproclamés et autres prêcheurs en eaux troubles, distillant de prétendues vérités pour mieux confondre les jeunes en mal d'intégration et les attirer dans les rets fatals des organisations terroristes comme l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daesh). L'observatoire se chargera, dit Mohamed Aïssa, de contrôler la circulation de telles idées, en analysant leurs contenus pour proposer les réponses ou plutôt les ripostes objectives, dans le respect de la liberté de culte. En cernant, avec une rigueur quasi scientifique, la thématique d'endoctrinement utilisée par les groupes extrémistes, il est possible d'établir les voies et moyens les plus pertinents pour contrecarrer, à différents niveaux, un travail de propagande parfaitement éprouvée du fait que ses adeptes capitalisent de longues années d'expérience et, si on peut dire, de savoir-faire. Mobilisée sur plusieurs fronts, l'Algérie a néanmoins consacré de réels efforts à la prise en charge de ce phénomène et c'est ce qui a justement permis de minimiser au maximum les risques d'endoctrinement, au point que le nombre de ressortissants happés par Daesh se compte en quelques dizaines à peine de recrues. Quand on observe la dramatique influence que ces groupes terroristes parviennent à exercer sur de nombreux jeunes en Europe, on mesure davantage la nécessité absolue d'un tel bouclier qui viendra conforter à bon escient l'ensemble du dispositif permettant de lutter contre l'extrémisme, ses idées et ses actions brutales. Autre entreprise, tout autant utile que nécessaire, la mise en place d'une instance de la fetwa pour laquelle le ministère en charge des Affaires religieuses annonce avoir déjà retenu 50 imams venus de tous les coins du pays. Cette collégialité est méritoire mais il reste à s'assurer que les candidats à la formation supérieure projetée par Al Azhar soient convaincus de l'importance de leur mission future en qualité d'imam mufti tant l'exercice de la fetwa comporte de lourdes significations pour le pays. Certes, ils seront accompagnés dans leur tâche par les secrétaires généraux des conseils scientifiques des wilayas, des exégètes et des spécialistes d'autres domaines comme la médecine, l'économie, le droit et l'astronomie, ce qui devrait, dans une large mesure, garantir le bien-fondé des argumentaires sur les questions les plus diverses. Ce sont là des jalons indéniables qui viendront baliser la voie de l'ijtihad, si dévoyé et si galvaudé depuis des décennies, au point qu'on lit parfois, sans surprise aucune d'ailleurs, qu'un chahid comme Henri Maillot est affublé de guillemets en sa qualité de martyr et étiqueté sans aucune vergogne d'ami de la Révolution algérienne dont il fut, ni plus ni moins, qu'un moudjahid authentique. Sans guillemets, ne vous déplaise. On ne peut pas en dire autant d'un certain nombre de pensionnés et autres «invalides»...