D'interminables files d'attente sont observées devant les bureaux de poste, répartis un peu partout dans la ville d'Oran. Se rendre à la poste en vue d'y effectuer un retrait financier pendant ce mois de Ramadhan risque de se traduire par une altercation qui pourrait aisément tourner au vinaigre. Il s'agit là d'un vrai parcours du combattant auquel sont confrontés les abonnés aux comptes courants postaux, CCP. Si les responsables hiérarchiques d'Algérie Poste continuent à vanter fabuleusement les moyens mis en place en vue d'alléger le calvaire de leurs clients, le contraire se produit localement: les liquidités font défaut. Les détenteurs de comptes postaux sont, au troisième jour du Ramadhan, contraints de se réveiller tôt le matin pour observer de longues chaînes devant les agences de postes comme celles de Saint-Charles, Miramar et de boulevard Mascara. Cette situation est née bien avant. Elle s'est accentuée à la faveur de la rentrée en vigueur du mois sacré de Ramadhan. D'interminables files d'attente sont observées devant les bureaux et guichets de poste répartis un peu partout dans la ville d'Oran. Les clients d'Algérie Poste prennent leur mal en patience en faisant face à l'indisponibilité des liquidités ou encore aux pannes du réseau. «Patientez ou bien revenez demain, dans le pire des cas retirez votre argent à partir des distributeurs de billets.» Telles sont les réponses «recommandées et expressives» auxquelles ouvrent droit des dizaines de pères de familles, retraités et des centaines de détenteurs de chéquiers de CCP venant en force tôt le matin en vue de retirer ce qui reste de leurs salaires du mois de mai. Une telle réponse ne cesse de revenir comme un refrain dans tous les guichets. Cette situation, née quelques jours avant le Ramadhan, risque de prendre de l'ampleur. Elle n'est pas sans susciter l'ire des abonnés d'Algérie Poste, en particulier les retraités et les personnes âgées. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. A cette lancinante problématique s'ajoute une autre qui n'est pas des moindres, la défection de la majorité des distributeurs automatiques de billets, DAB. D'autres sont aux caisses vides. Ainsi, la tension monte de plusieurs crans dans les bureaux de poste pendant ce mois qui connaît une forte pression à cause du nombre considérable de retraits d'argent effectués par les salariés et retraités. Pour leur part, les guichetiers de la poste se disent «dépassés par le nombre de personnes qui affluent journellement provoquant le manque de liquidités», dira un guichetier exerçant dans la poste du boulevard Mascara. Dans le centre-ville, très précisément à la poste de Miramar, la situation est insoutenable dès l'ouverture de la porte d'entrée jusqu'à sa fermeture. Idem pour celle de Saint-Charles où, les conditions atmosphériques, en particulier durant les fortes chaleurs caniculaires, font que les personnes âgées rentrent chez elles bredouilles, souvent harassées alors que d'autres tombent brutalement malades à force de trop attendre dans les bureaux de poste. La totale est de visu perceptible lorsque des petites altercations, opposant des clients aux guichetiers ou encore entre les clients eux-mêmes, se substituent à la raison et l'esprit de dialogue. Les altercations donnent lieu à des scénarios à la fois violents et véhéments, marqués par toutes les formes de blasphèmes et outrages qu'on colle sournoisement au mois de Ramadhan. «Patienter dans la poste est une acte de civisme», dira un jeune étudiant ayant marqué un silence radio en attendant venir son tour.