Bouteflika mettra l'accent sur les réformes menées dans le secteur de la justice. Le chef de l'Etat présidera aujourd'hui l'ouverture de la première année judiciaire de son deuxième mandat présidentiel. Un évènement symbolique au cours duquel Abdelaziz Bouteflika mettra l'accent sur les réformes menées dans le secteur de la justice. Une réforme de fond qui a touché aussi bien les textes, l'organisation des structures que les mentalités. Depuis le lancement du projet de la réforme du secteur et l'installation de la Commission nationale de réforme de la justice en octobre 1999, des étapes importantes ont été franchies pour l'amélioration de l'instrumentation juridique mise au service des magistrats, de la promotion des droits et des libertés des personnes et de l'amélioration de la condition pénitentiaire. La «révolution silencieuse» opérée par le chef de l'Etat, depuis son investiture en 1999 à la magistrature suprême, consiste en premier lieu à éradiquer les causes de la corruption dans le corps de la magistrature, par la promulgation d'un statut pour les magistrats qui les mettrait à l'abri des tentations. Il s'agit, pour ce faire d'améliorer leurs conditions socioprofessionnelles (logement et salaire décents) et leur assurer une formation adéquate pour conférer aux verdicts rendus au nom du peuple, crédibilité et transparence. C'est là, la meilleure façon d'extirper la justice à l'emprise des groupes d'intérêts et de pressions d'où qu'elles viennent. Le mouvement opéré récemment dans le corps des magistrats vise à mettre en place un véritable dispositif pour la réussite de l'une des priorités majeures du chef de l'Etat après la concorde civile, à savoir la réforme d'un secteur qui a de tout temps nourri les frustrations du peuple algérien. Une entreprise périlleuse mais pas impossible, pour peu que les hommes et les femmes en charge de cette mission soient convaincus par l'importance de cette dernière. «La réforme de la justice demeurera un vain mot si les magistrats ne se sentent pas impliqués et totalement engagés pour la réussite des différents chantiers engagés dans ce cadre», avait estimé le président de la République lors de l'ouverture de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature. Pour Bouteflika, il ne fait aucun doute que toute réforme est bâtie sur le facteur humain censé la porter. «La confiance en la justice constitue l'ossature de la nation (...) si la justice est objet de suspicion, c'est toute la société qui est ébranlée», indique le président de la République. «Priorité absolue» dans son programme, le chef de l'Etat compte «amener la justice algérienne au niveau des attentes des citoyens et de l'élever en tant que fondement de l'Etat de droit au niveau des exigences nouvelles et des aspirations profondes». Lors de l'ouverture de l'année judiciaire 2003-2004, Bouteflika affirmait que «des pas importants ont été franchis dans la révision et l'actualisation des principaux textes de loi pour permettre ainsi à notre système judiciaire de s'adapter aux impératifs de la mondialisation de l'économie et de la concurrence et assurer un climat de sécurité aux investisseurs étrangers» Il faisait allusion à la révision du code pénal, du code de procédure pénale et de la loi sur la circulation des capitaux. Au début du mois en cours, le Parlement a adopté une loi amendant le code pénal qui a vu l'élargissement du crime de la torture à toute intimidation ou menace de torture ainsi qu'à toute atteinte à la dignité humaine ou humiliation accompagnées ou non de chantage. L'amélioration des conditions carcérales sont, par ailleurs, l'un des facteurs déterminants de la réforme de la justice. En outre, une nouvelle disposition doublant la peine en cas de récidive et la définition des moyens de constatation du crime a été introduites et la peine d'emprisonnement a été relevée. La nouvelle disposition doublant la sanction contre le harcèlement sexuel en cas de récidive, a également été adoptée. Cependant la réforme de la justice, action de longue haleine, passe par des mesures primordiales, comme la réduction de la détention préventive qui doit constituer une exception et non une règle. Sans omettre le respect du droit de la défense qui constitue un gage pour une justice équitable et de qualité.