Avec ce partage des points, la question qui se pose est : a-t-on une équipe nationale? 1 à 1, l'équipe nationale s'est compliquée l'existence en se montrant incapable de s'imposer au Rwanda. Au terme de la phase aller des qualifications à la Coupe du monde et à la CAN de 2006, elle se retrouve dernière de son groupe avec un total de trois points avec aucune victoire à son actif pour trois matches nuls et deux défaites. C'est le plus mauvais bilan des Verts dans ce genre de compétition depuis de nombreuses années. A ce rythme c'est la qualification à la CAN qui est mise en péril, puisque seuls les trois premiers du classement final iront en Egypte dans deux ans. Le passage à la Coupe du monde est, quant à lui, passé au stade de l'illusion, un rêve qui restera inassouvi. Plus les jours passent et plus notre sentiment que le plus important n'est pas de se qualifier pour la CAN s'amplifie. Imaginons, d'ailleurs, si l'EN avait pu gagner à Kigali. On peut être sûr que la débâcle face au Gabon aurait été oubliée pour faire place à des louanges dont la plupart seraient allées à Ali Fergani qu'on aurait présenté comme le sauveur de notre football, l'homme providentiel par qui le miracle peut arriver. La culture du superlatif est devenue d'une telle banalité dans cette discipline, qu'on en arrive à transformer, avec une dérisoire facilité, le plomb le plus vil en un or des plus recherchés. Ceux qui ont vécu la CAN 2004 devraient reconnaître que les bons résultats du 1er tour n'avaient été que le fruit d'un scénario où le facteur chance avait joué un grand rôle en même temps qu'une farouche volonté des joueurs de ne pas sombrer dans un groupe où ils n'étaient pas donnés favoris. Les matches contre le Cameroun et contre l'Egypte, les Verts les rejoueraient dix fois, ils les perdraient dix fois. Nous l'avions écrit à l'époque et même le président Raouraoua reconnaissait que ces bons résultats ne pouvaient détourner l'opinion sportive d'objectifs importants visant à «refonder» la discipline. L'équipe nationale n'étant que le reflet de ce qui se fait dans son championnat, il n'y avait pas grand-chose à attendre d'elle du fait que cette compétition des plus médiocres reposait sur des clubs déstructurés qui n'ont presque pas de notion en matière de politique de formation. Il est vrai qu'une qualification à la CAN, à défaut de celle pour le mondial, permettrait à notre football de se retrouver parmi ceux des meilleurs nations du continent, mais comme l'oubli est une autre culture de ce milieu, en cas de bons résultats en Egypte, on serait capable de dire qu'on a une équipe nationale et un football de niveau mondial. On remarquera que nous n'avons pas fait référence aux joueurs qui ont joué face au Rwanda. Nous ne l'avons pas fait, car nous estimons que là n'est pas l'essentiel comme n'est pas essentiel que Fergani ait opté pour un 4-2-4, un 4-4-2 ou un 4-3-3. D'ailleurs dans le désert en joueurs de talent de notre championnat, l'entraîneur national ne pouvait que faire confiance, comme ses prédécesseurs, à des joueurs émigrés. Il affirme qu'il n'avait pas eu assez de temps pour monter une équipe compétitive, alors qu'au fond de lui-même il sait que la tâche qui l'attend représente un véritable Everest. Aussi convient-il de voir au-delà de la qualification à la CAN 2006 même si celle-ci venait à ne pas être obtenue. D'ici au mois de mars et la prochaine sortie officielle de l'équipe nationale, on retombera dans le train-train de notre monotone championnat où il s'agira de voir celui qui en mettra plein la vue aux gens. Mais que l'on se rassure, ces gens ne sont plus crédules comme avant et ils finiront par comprendre un jour qu'on est en train de se moquer d'eux. A ce sujet, on terminera sur un débat radiophonique qui a eu lieu après le match contre le Rwanda où la majorité des auditeurs qui sont intervenus sur l'antenne, ont admis qu'on n'avait ni joueurs, ni équipe nationale et qu'il était inutile de se bercer de faux espoirs.