La démarche qualifiée de voie incontournable par le président, fera l'objet d'une loi. Après la réforme de l'école, celle de la justice, le code de la famille, voilà que le président s'attaque à l'un des plus brûlants dossiers qu'est celui de la privatisation de l'université, fer de lance de toute nation qui aspire au progrès. Le gouvernement s'attelle, a-t-il fait savoir, à peaufiner un texte de loi qui permettra au privé d' investir dans l'enseignement supérieur et de s'impliquer en tant que partenaire essentiel dans l'élargissement de la sphère du savoir. Le dispositif qui sera mis en place aura pour objectif de définir les modalités et les critères qui détermineront la forme que devra prendre cette privatisation. Cette annonce a été faite à l'occasion de l'ouverture officielle de l'année universitaire 2004-2005, devant les membres de l'Exécutif et l'ensemble des recteurs d'universités ainsi que des autorités locales et des cadres de l'enseignement supérieur, à la salle de conférence de l'université Mohamed Bouguerra à Boumerdès. Le chef de l'Etat, en faisant part de cette décision capitale pour l'avenir de l'université algérienne, a jugé le recours à une telle démarche qu'est l'ouverture de l'université au privé, de «voie incontournable». Soulignant que «notre intention est de permettre à l'initiative privée de s'intéresser à toutes les spécialités de l'enseignement supérieur, alors que la loi en vigueur limite son champ d'intervention aux seules filières à caractère technique».Le texte actuel présente des incohérences et réduit le champ d'intervention du privé. Ce dernier, selon le président «a toute sa place dans l'appareil de formation supérieure et il pourra apporter, selon ses moyens , sa contribution dans le respect des exigences en matière de conditions d'accès , de contenus d'enseignement et de normes d'évaluation et de certification telles que définies par l'Etat» Ce constat a conduit à la nécessité de revoir la loi d'orientation relative à l'enseignement supérieur du 4 avril 1999. «Nous envisageons de réaménager le dispositif juridique d'encadrement des formations supérieures privées tel qu'il figure dans la loi». A cet effet, il sera mis en place un système incitatif aux plans financier et fiscal «pour encourager le secteur privé à donner la pleine mesure de ses capacités dans ce domaine» a précisé le président. Il a en outre justifié ce choix qui est au centre d'une vieille polémique et risque par là même de susciter une levée de boucliers, notamment par les fervents défenseurs de l'école publique: «Beaucoup de pays notamment dans le monde arabe ont mis en place des dispositifs juridiques organisationnels appropriés qui ont permis de promouvoir, de façon significative, l'enseignement supérieur privé». Et d'enchaîner: «Le développement de ce secteur est l'une des tendances mondiales de l'éducation les plus lourdes, comme l'attestent les observations faites au cours de ces vingt dernières années par l'Unesco. Par ailleurs cette organisation affirme que l'enseignement privé constitue un appoint indispensable à l'action de l'Etat, quels que soient les régimes politiques et les niveaux de développement des pays concernés.» Le président a ajouté que: «Répondant à la liberté des familles de choisir pour leurs enfants le système d'enseignement qu'elles préfèrent, l'enseignement privé se voit reconnaître, aujourd'hui, une légitimité par la quasi-totalité des pays.» Sur un autre chapitre, le président a constaté qu'«après cinq années d'intenses investissements, notre pays dispose maintenant d'un réseau universitaire très dense composé de 27 universités contre 12 en 1990, 13 centres universitaires, 12 écoles et instituts nationaux et 4 écoles nationales supérieures». Il a mis l'accent sur la nécessité d'une «dynamisation significative de la postgraduation ainsi que la mise en oeuvre de formes diversifiées de partenariat, d'assistance et de coopération avec les universités étrangères pour faire face au déficit en matière d'enseignants titulaires». Le président ne pouvait pas faire l'impasse sur la fuite des cerveaux. Il a qualifié cette problématique question de «phénomène universel que la mondialisation va sans aucun doute accélérer tout en imposant une compétition très sévère, fondée sur des exigences de qualification de plus en plus élevées. Nous en souffrons comme beaucoup d'autres pays , notamment ceux en voie de développement. Ainsi, il m'est pénible de constater que l'université algérienne a souffert du départ de 2600 enseignants de 1993 à 2000 dont près d'un millier sont heureusement revenus depuis». Cette saignée s'étend aux «milliers de médecins et de cadres dans toutes les spécialités dont plus de 3000 informaticiens qui se sont expatriés peut-être de manière définitive». Le président a déploré le fait que «nous nous trouvons dans la situation où notre pays fournit aux pays développés et sans contrepartie des enseignants et des chercheurs formés dans nos universités.» Le chef de l'Etat préconise l'élaboration d'un programme d'urgence qui consiste à impliquer la diaspora qui représente «un potentiel de compétences scientifiques et techniques de haut niveau et elle comprend également de nombreux opérateurs économiques». Elle sera sollicitée pour participer à l'encadrement des postgraduations et à prendre sa part dans la prise en charge du centre des technologies nouvelles de Sidi Abdellah ou encore à former des équipes médicales et chirurgicales communes dans les hôpitaux algériens qui ont introduit des techniques de pointe. Un partenariat est également envisagé en vue de s'élargir aux institutions et aux compétences étrangères, capables de fournir des services de formation d'excellence au sein même de nos universités. Une manière de dissuader nos diplômés d'aller chercher le savoir sous d'autres cieux et éviter de les voir s'y installer définitivement. Le chef de l'Etat a réitéré sa volonté de poursuivre la réforme du système éducatif qui est toujours au rang des grandes priorités nationales. Son application progressive est l'objet d'efforts qui ont été poursuivis tout au long des trois dernières années. En conclusion, l'université doit former selon les besoins du marché du travail. Dorénavant, les bacheliers qui s'inscriront à l'université n'auront pas le privilège de choisir leur filière. Seuls ceux qui font preuve d'excellence auront cette opportunité. L'université est appelée à créer une élite qui doit se surpasser. D'autant plus que cette année, 740.000 étudiants ont rejoint les campus, soit le double du nombre enregistré en 1999. Cette situation est consécutive à l'augmentation exceptionnelle de bacheliers de la dernière session qui a dépassé le cap de 200.000.