«Un rôle c'est comme un cardiogramme, il y a toujours des rebondissements» Il vient d'être couronné récemment du Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival Vues d' Afrique de Montréal pour l'intrigant et poétique film The sea is behind de Hicham Lasri. Malek Akhmis fait partie de ces comédiens marocains qui ne lâchent rien et osent tout et ce, que ce soit au théâtre ou au cinéma. Il se distinguera d'ailleurs dans de nombreuses productions nationales et internationales. On citera parmi ses participations dans les films Les jardins de Samira de Latif Lahlou ou encore dans les films du réalisateur Hassan Ben Jalloun avec qui il a signé deux rôles dans La Chambre noire et dans Où va-tu Moshé? (Prix de l'image au Fnft). Nous pouvons le voir également dans Ali Baba et les quarante voleurs de Pierre Aknine (production TF1, France) mais aussi dans les excellents longs métrages the end, C'est eux les chiens et The sea is behind de Hicham Lasri. C'est de ce dernier dont il sera question un peu dans cet entretien. Non, ce film n'a pas pris part récemment à la dernière édition du Festival du film arabe d'Oran, sans doute, qu'il aurait été jugé trop audacieux pour les organisateurs. Suite à la polémique qui a enflé concernant l'affaire du film de Nabil Ayouch et son film Much loved, nous avions pris attache avec Malek Akhmis pour connaître son sentiment là-dessus. Entre les déclarations timorées et timides de la part de ses concitoyens et réalisateurs marocains rencontrés au Fiofa et d'autres qui affirmaient que «C'est un coup médiatique et de marketing et que Nabil Ayouch sait ce qu'il fait» nous avons préféré prendre attache cette fois avec un comédien, celui qui porte à bras-le-corps l'histoire d'un film et sans lequel le sujet ne pourrait exister. Réponses: L'Expression: Tout d'abord quel est votre sentiment concernant cette polémique? Pensez -vous qu'il faille interdire la sortie de ce film dans les salles et pourquoi? Malek Akhmis: Pour moi, j'adore les films qui créent la polémique. Ce genre de films pousse le spectateur à utiliser sa matière grise et à se remettre en question. Je n'ai pas vu le film. Je suis contre son interdiction. C'est une interdiction injustifiée et arbitraire. Je suis contre la censure arbitraire, le sujet du film est un fléau qui touche le Maroc et tous les pays du monde avant tout. Et le cinéma c'est de l'art. Dans le film The sea is behind de Hicham Lasri que j'ai eu la chance de voir au Festival arabe de Genève, il y a une scène assez osée. Est-ce qu'on réfléchit longuement avant d'accepter ce genre de scénario? C'est un type du pays du Golfe qui a voulu violer Tarik dans son sommeil. Pour moi je ne fais pas les choses gratuitement.Cette scène est justifiée. Elle n'est pas gratuite. Elle sert le propos. Je lis un scénario. Et si le rôle me plaît et qu'il a des enjeux j'accepte. Je n'aime pas les rôles linéaires où rien ne se passe. Pour moi, un rôle c'est comme un cardiogramme, il y a toujours des rebondissements. J'adore les rôles complexes, compléxés, engagés... Pourquoi les films marocains comptent-ils beaucoup de scènes de violence? Mais parce qu'ils reflètent la réalité tout simplement. Il faut regarder la vérité en face. Il faut oser et avoir le courage aussi surtout dans nos pays arabes de se regarder dans le miroir. Il faut montrer la vérité telle qu'elle est. Comment expliquez-vous que le cinéma marocain plus que le cinéma tunisien ou algérien regorge de scènes de violence liées au sexe notamment? Parce que les cinéastes marocains osent. Ils nous montrent la réalité telle qu'elle est, sans artifices ni maquillage. Ils optent pour un cinéma plus réaliste et je suis tout à fait d'accord avec ce genre de cinéma qui pousse le spectateur à réfléchir et à analyser les choses profondément. Mais en tant qu'acteur avez-vous des interdits ou êtes vous ouvert à tout? Quel serait le rôle que vous repousserez? Le rôle que je peux repousser c'est un rôle linéaire où il n'y a pas d'enjeu. Un rôle vide, monotone. Où le scénario n'est ni écrit ni structuré. Bref, un rôle sans âme. Mon métier est comédien, acteur, c'est-à-dire vivre des personnages, se mettre dans la peau des autres, alors je peux accepter des rôles (même s'ils sont osés) si ces derniers sont bien écrits et leur parcours est bien défini.