L'idée de la création du centre a été lancée à Alger par l'Algérie. La réunion intergouvernementale de «haut niveau» de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en Afrique a débuté, hier, à Alger, et pendant deux jours, aura à définir et débattre l'ordre du jour de sa deuxième session. Le début de cette réunion va permettre la mise en marche effective du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme. Ce centre, qui réunira une vingtaine d'experts, et qui sera rattaché organiquement à l'Union africaine, consacre, en fait, la prépondérance de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste. L'idée de la création du centre a été lancée à Alger par l'Algérie, il y a deux ans, lors de la première réunion de l'UA sur le terrorisme, qui s'est déroulée à Alger entre le 11 et le 14 septembre 2002. Quarante-cinq jours plus tard, une autre grande conférence, internationale cette fois-ci, et qui s'est tenue du 26 au 28 octobre 2002, permettait à l'Algérie de se poser comme un pays à la pointe de la lutte contre le terrorisme. En fait, l'Algérie cumule, non pas une décennie, mais plus de deux décennies en matière de gestion de conflits terroristes. En 1982 déjà, Mustapha Bouyali, un homme d'action converti à l'islamisme, créait la première organisation armée se réclamant directement du djihad, le Mouvement islamique armé en Algérie. Une année plus tard, le groupe est totalement démembré. Bouyali crée une nouvelle structure qui porte toujours l'acronyme MIA, et qui sera encore démantelée en 1985. Son mythique chef sera abattu à Larbaâ, la nuit du 4 janvier 1987. A partir de 1992, l'Etat fait face à une prolifération de djaâmate, dont le djihad initial se décompose petit à petit en génocide atroce. Aujourd'hui, on lutte contre ce qui reste des groupes (en fait, seul le Gspc, crépusculaire, du reste, reste actif), mais parallèlement, des actions sont menées en amont pour prévenir, d'abord, et maîtriser les tensions à la source. Voilà en quoi le centre, opérationnel depuis hier, est une consécration pour l'Algérie, malgré tous les tâtonnements qui ont accompagné tout au long de douze longues années, la lutte contre-insurrectionnelle. Conçu comme une véritable agence spécialisée de l'UA le centre doit recueillir toutes les informations, études et analyses sur le terrorisme et les groupes terroristes, et cela en étroite collaboration avec la commission et le Conseil de paix et de sécurité de l'organisation continentale. Pour ce qui est des travaux de la réunion elle-même, la seconde du genre, hier et aujourd'hui, près de 300 personnes annoncées sont donc attendues. Plus d'une cinquantaine de délégations africaines, dont une vingtaine de ministres et près de trente organisations régionales et internationales, tels l'ONU, l'Union européenne (UE), l'Otan, Interpol, le Comité du conseil de sécurité contre le terrorisme (CTC), l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) et l'Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et la prévention du crime prennent part à cette conférence. De nombreux pays, tels les Etats-Unis la France, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Chine, l'Allemagne, l'Autriche et l'Inde ont été représentés par des experts en matière de contre-terrorisme. La convention d'Alger (1999) et «le Plan d'action d'Alger» (2002) seront mis en oeuvre, et devront mener à une meilleure coopération en matière de sécurité. La récente incursion du Gspc algérien au Mali, au Niger et au Tchad, les talk-shows donnés par le chef du Gspc, Amari Saïfi, à la barbe et au nez de tous, sonnent comme des gifles données à tous les pays du Sahel. D'un autre côté, les gouvernants du continent africain devront cesser d'être des tyranneaux qui, eux les premiers, terrorisent leurs peuples, car c'est souvent, en s'alimentant dans les injustices de leurs propres gouvernements, que les groupes terroristes locaux trouvent de quoi constituer leur idéologie du djihad. Si une véritable ouverture démocratique n'est pas faite dans certains pays africains, la lutte contre le terrorisme ne sera qu'une autre forme de répression contre les groupes rebelles d'opposition.