S'aligner sur les méthodes américaines de lutte et de prévention du terrorisme. Demain, s'ouvrira, à Alger, la réunion intergouvernementale de l'Union africaine dont le thème sera la prévention et la lutte contre le terrorisme. La date-symbole choisie par les pays membres de l'Union, lors du précédent sommet de Durban en Afrique du Sud, et qu'Alger s'est proposé d'abriter, reflète la volonté des pays africains de s'inscrire dans le cadre mondial de la lutte antiterroriste, induite par les événements du 11 septembre 2001. La réunion d'Alger, qui s'étalera sur quatre jours (du 11 au 14 septembre), aura le loisir de vérifier l'adhésion réelle des 160 participants africains annoncés pour débattre de l'événement. La convention de l'Organisation de l'Unité africaine sur la prévention et la lutte antiterroriste a été ratifiée par la quasi-totalité des capitales du continent, mais n'est pas encore mise en circulation. Les normes juridiques doivent trouver une adhésion politique totale qui les prémunira contre les tergiversations, d'autant plus que les intérêts nationaux et régionaux des pays membres de l'Union peuvent «perturber» l'application de ladite convention. Composée de hauts fonctionnaires représentant leur gouvernement au niveau des directeurs généraux, ambassadeurs, cadres supérieurs, magistrats et hauts responsables des services de sécurité, la réunion d'Alger se doit d'être pratique, mais ne peut, toutefois, échapper aux divers enjeux qui la sous-tendent. Jusqu'à une date récente, les pays du Sahel africain avaient abrité des citoyens algériens, recherchés dans leur pays d'origine pour actes de terrorisme. Les cas du Maroc et du Burkina Faso ne sont plus un secret pour personne, mais à quelque chose malheur est bon, les tragiques événements du 11 septembre 2001 et les attentats qui ont touché les centres névralgiques des Etats-Unis ont précipité une prise de conscience continentale, sans toutefois bannir tous les intérêts qui sous-tendent les comportements politiques. Pourtant, sur le plan des cadres légaux de la coopération africaine dans la lutte contre le terrorisme, ce ne sont pas les institutions qui manquent. Il existe bien au plan africain des polices interconnectées, mais dont l'efficacité reste à confirmer. En termes clairs, l'Afrique reste très loin des services européens et américains dont la dextérité et l'efficacité en la matière sont évidentes. La réunion d'Alger, technique en premier lieu, pourrait aboutir à des propositions sur la manière de s'organiser au niveau continental. Une riposte africaine avec une conception africaine de l'éradication de ce phénomène international. On peut aussi spéculer sur les risques d'un «mimétisme américain», qui fera que les Africains s'alignent sur les méthodes américaines de lutte et de prévention du terrorisme. Les spécificités locales, la culture, la religion musulmane, les données économiques, l'exacerbation des populations, tentées par la radicalisation, pour faire pièce à la répression des Etats, sont autant de problèmes à prendre en compte, si l'on veut éviter une accumulation de la violence, qui, en fin de compte, prendra les habillages qui lui conviennent le mieux (islamiste, ethnique, social, ou autre). Le précédent algérien est un cadre d'orientation générale, avec dix ans de lutte militaire fructueuse et de politique «concordiste» qui a démontré ses bienfaits. En termes objectifs, l'Afrique a un antécédent intéressant dans le modèle algérien.