La démission du bureau national du FIS à l'étranger n'a soulevé aucun débat au sein du groupe d'Alger. Abdelkader Boukhamkham a qualifié, hier, lors d'une conversation téléphonique avec L'Expression, de «juste et responsable», la décision d'autodissolution du bureau exécutif du FIS à l'étranger, annoncée par son président Mourad Dhina, véritable architecte de la constitution de cette structure à Bruxelles. Celui-ci avait annoncé la dissolution du bureau national du FIS, il y a une semaine, et avait amené une série de motifs qui, tous, tendaient à bloquer le travail normal de cette représentation. On avait compris alors que le bureau exécutif ne pouvait continuer à assumer ses responsabilités normalement contre l'avis du «groupe d'Alger» (Ali Benhadj, Ali Djeddi, Kamel Guemazi et Abdelkader Boukhamkham) qui s'était montré, dès le début, particulièrement hostile à la constitution d'une nouvelle structure «sans l'aval des fondateurs historiques du parti». «C'est une décision responsable, concède Abdelkader Boukha-mkham, car c'était une coquille vide, une structure inefficace qui ne pouvait continuer à fonctionner plus longtemps. A la source, il y avait divergence, et nous n'avons pas été consultés pour la constitution d'une représentation du FIS. Ses initiateurs se réclament de l'appui d'Abassi Madani, mais nous pensons qu'ils avaient fait une lecture par trop distendue de sa lettre. Ce que nous contestons maintenant c'est la façon dont s'est effectuée l'autodissolution du bureau exécutif. Il aurait fallu peut-être parler de façon objective des raisons de cette démission collective, énumérer les motifs et en tenir informés les membres fondateurs du FIS. Nous ne nous dénions pas le droit d'être des enfants du parti à D'hina et ses compagnons et nous n'en avons pas le droit mais il faut reconnaître que rien n'est possible, rien n'est faisable sans l'adhésion et la participation des membres fondateurs du parti.» guerre de succession et de légitimité, le parti dissous continue de se ronger lui-même de l'intérieur. Agissant dans un contexte très défavorable, il perd de plus en plus ses repères, ses réflexes politiques, ses bases populaires et son capital sympathie dans les zones urbaines où, par le passé, il faisait florès. La décomposition du bureau national ampute le parti d'un solide lobby, que constituait Mourad D'hina, un homme très introduit dans les milieux diplomatiques occidentaux et grâce auquel un congrès a pu se tenir à Bruxelles, en 2002, malgré toutes les restrictions induites par les attentats du 11 septembre 2001, et grâce auquel aussi un site internet permettait au FIS dissous de communiquer. La parole revient donc au groupe d'Alger et le paradoxe veut que la quasi-totalité de ses membres influents, comme Ali Benhadj et Ali Djeddi, soient interdits de s'exprimer publiquement. En termes clairs, le parti dissous a perdu une voix qui parlait et a gagné d'autres voix...qui ne parlent plus.