Les parlementaires rwandais ont commencé hier des consultations populaires à travers le pays dans le but de rédiger la réforme constitutionnelle qui permettra au président Paul Kagame de briguer un troisième mandat en 2017, a-t-on appris de source officielle. «Jusqu'au 11 août, tous les parlementaires vont sur le terrain pour faire des consultations avec la population. On va leur demander leur avis à propos de l'amendement, ce qu'ils attendent de cette réforme», a dit hier Donatille Mukabalisa, présidente de la Chambre des députés. Ces consultations avaient été annoncées le 14 juillet à l'issue d'un vote à l'unanimité du Parlement rwandais en faveur d'une réforme faisant sauter le verrou des deux mandats présidentiels dans la Constitution. L'issue de la consultation fait peu de doute: avant même le vote au Parlement, plus de 3,7 millions de Rwandais, sur un corps électoral de quelque 6 millions, avaient déjà signé des pétitions réclamant une modification de l'article 101 de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. Dans plusieurs pays de la région, notamment au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda, les dirigeants sont accusés de vouloir contourner les règles pour se maintenir au pouvoir au-delà des limites permises. Au Rwanda, Paul Kagame insiste lui sur le fait que s'il se présente à un troisième mandat, ce sera plébiscité par son peuple. Mais dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son manque d'ouverture politique, nombre d'observateurs estiment que ce plébiscite est orchestré par le pouvoir. Ces consultations vont «nous guider dans la rédaction du projet de réforme» constitutionnelle, a toutefois ajouté hier Mme Mukabalisa, précisant que les parlementaires allaient rencontrer «toutes les couches de la population». La Constitution remodelée fera ensuite de nouveau l'objet d'un vote au Parlement, puis sera formellement soumise à référendum.