A Jijel, un policier et un civil ont été tués au sortir d'un café du quartier Village Moussa. Un groupe armé, vraisemblablement affilié au Gspc, a assassiné par balles, avant-hier, un policier et un civil qui sortaient d'un café situé dans leur quartier Village Moussa. L'attentat a été perpétré vers 21h 45, c'est-à-dire à une heure où l'affluence des citoyens était encore nombreuse dans ce quartier, situé au centre de la ville de Jijel, située à 340 km à l'est d'Alger, et où la présence du Gspc est endémique. C'est bien la première fois qu'un groupe armé local s'insinue assez profondément dans une agglomération pour perpétrer un attentat. Ce nouvel attentat porte à six le nombre de personnes tuées, en seulement deux jours, et à une quarantaine depuis le début du Ramadan. Il y a deux jours, deux gardes communaux ont été tués dans la région de Sidi M'hamed Benaouda, dans la région de Relizane, située à plus de 300 km à l'ouest d'Alger, alors que le même jour, deux autres personnes ont été assassinées à Tébessa, à l'extrême est du pays. C'est donc vers la fin d'un Ramadan particulièrement sanglant, que l'on s'achemine, alors que, à titre comparatif, aucune victime n'a été enregistrée durant le Ramadan 2003. Si l'on tient en ligne de compte les multiples réseaux actifs et cellules opérationnelles démantelés durant ce dernier mois, le bilan aurait pu être plus douloureux encore. Il y a quatre jours, une cellule du GIA a été démantelée à Bab Ezzouar, et auparavant des groupes opérationnels relevant du Gspc ont été neutralisés à Chéraga et Belouizdad. Hyper-quadrillée, la capitale reste un coupe-gorge pour les groupes armés qui s'y aventurent, mais on note avec appréhension que des tentatives d'incursion sont menées afin de porter la menace au coeur d'Alger. Le dernier coup médiatique du Gspc à Alger remonte à plusieurs mois, avec l'attentat à la bombe contre la centrale électrique d'El Hamma, signé par Abdelmalek Deroukdel, qui venait de prendre les commandes de l'organisation. Les actes de violence perpétrés à l'Est et à l'Ouest renseignent sur la volonté du Gspc de faire de la surenchère terroriste, ou peut-être pour desserrer l'étau sur les groupes du Centre et faire diversion. Cependant, il est à noter que la région de Relizane renoue avec la violence, avec six assassinats en moins d'une semaine. L'acte d'allégeance au Gspc, fait par l'émir local, Amar Abou Yahia, donne une nouvelle force à l'organisation en même temps qu'il lui permet de «diversifier» les attentats. Les attentats signalés aussi au Sud, oeuvre de Mokhtar Belmokhtar (deux faux barrages à Adrar et Timimoun, vol de deux camions de marchandises et assassinat de trois gendarmes) fortifient cette tendance de porter la menace aux quatre coins du pays, qui est aussi une stratégie sanglante qui s'inscrit dans une perspective de nouvelles mutations apportées par la direction du Gspc à ses structures internes.