D'après les services du ministère du Commerce, des mesures strictes seront prises contre toute personne activant dans le marché informel. Aussitôt mise sur le marché, la viande d'importation, censée être destinée aux bourses modestes, fait les beaux jours de commerçants véreux, qui n'hésitent pas à s'adonner à la spéculation. Les premières quantités de viande rouge fraîche, nouvellement importée d'Europe, sont commercialisées par des réseaux incontrôlés. Ainsi, par de telles pratiques, la reprise des importations de viande rouge fraîche, dans le but de faire chuter les prix, lesquels avaient atteint des records à l'approche du mois de Ramadan - semble déjà entrer dans le circuit du gain facile comme certains commerçants tendent à le faire - tirant profit d'une situation exceptionnelle. En effet cette viande rouge fraîche, de «très bonne qualité» disponible sur les étals depuis jeudi dernier, est vendue à 500 DA dans les points de vente spécialisés et chez les bouchers. Cependant, certains commerçants n'arrêtent pas de nous surprendre. Dans les abattoirs d'Alger où se fait la vente en gros, plusieurs personnes se sont présentées pour l'achat de ce produit. Jusqu'ici les choses semblent normales, mais ce qui l'est moins, est le fait que ces personnes ne possèdent pas de registre de commerce, attestant de leur activité de boucher, mais ont néanmoins réussi par des moyens «officieux» à faire «l'emplette» de cette viande. Selon une source digne de foi, ces commerçants disposant de locaux offrant plusieurs produits, ont pensé à rentabiliser davantage leur activité, attirés par un gain rapide et facile en ce mois de Ramadan par la commercialisation de la viande rouge importée. Cela évidemment pour son prix abordable. Toutefois, se souciant peu de la santé des citoyens et des règles de la pratique de ce secteur, notamment le respect des règles d'hygiène, qui demande un matériel spécialisé, ces commerçants «clandestins» se sont convertis du jour au lendemain en «bouchers» sans pour autant disposer de moyens adéquats de conservation de ce produit. Une faille semble s'être glissée dans cette affaire. En effet, alors que l'importation de viande fraîche devait d'une part soulager le portefeuille des citoyens, et faire barrage à la hausse sans raison des prix, d'autre part, des gens ont trouvé le moyen de se faire de l'argent sur le dos du consommateur. Voulant en savoir plus sur cette affaire, nous nous sommes rapprochés des abattoirs du Ruisseau. Cependant, des marchands rencontrés dans les abattoirs ont nié être au courant de cette pratique. De fait, selon un fonctionnaire de ces abattoirs «une note nous a été transmise à travers laquelle les services de contrôle rappellent les règles et les mesures applicables pour la commercialisation de la viande.» En clair, cette viande ne peut être cédée qu'aux commerçants détenant un registre du commerce de bouchers. Par ailleurs, M.Bendi responsable à la Direction du commerce d'Alger, affirme qu'une opération de grande envergure de contrôle a été lancée depuis le débarquement de cette viande au port d'Alger. Cette brigade de contrôle, selon la même source, surveillera aussi tous les points de vente de viande afin de protéger le citoyen contre toute forme de fraude. «Nous sommes au courant que certains bouchers essayeront de vendre cette viande importée au prix de la viande locale afin d'augmenter la recette du jour. Cela est formellement interdit et nous avons transmis des notes à l'ensemble des bouchers, les appelant au respect des règles de ce commerce.» ajoute notre interlocuteur. Celui-ci précise que des mesures strictes seront prises contre toute personne activant dans le marché informel. Aussi, faut-il espérer que ces procédures, si elles sont correctement appliquées, rétablissent un minimum d'ordre dans un secteur stratégique laissé au bon vouloir du marché informel qui fait la loi et impose au consommateur des prix qui n'ont pas de sens et n'obéissent à aucune règle n'était celle du gain facile. Aussi, il appartient à l'Etat de faire respecter la loi, notamment dans un domaine où la santé du citoyen, en plus de la cherté du produit, entre en ligne de compte. Il faut surtout espérer que l'effort que fait le gouvernement pour mettre la viande à la portée de toutes les bourses, ne devienne une autre source de profit pour les trabendistes de tout bord.