Le défunt est l'auteur de Ekker a mmis oumazigh (Debout fils d'Amazigh). Président du Haut commissariat à l'amazighité, Mohand Ouidir Aït Amrane, s'est éteint samedi dernier à minuit, à l'hôpital militaire d'Oran des suites d'une longue maladie qui l'a obligé à un alitement durant des semaines. Né le 22 mars 1924 à Tikidount dans la commune des Ouacifs à Tizi Ouzou, le défunt a commencé à militer durant les années 40 pour tamazight. Il a écrit Ekker a mmis oumazigh (Debout fils d'Amazigh) en1945 alors qu'il étudiait encore au lycée de Ben Aknoun à Alger. Il faisait partie du fameux «groupe du lycée de Ben Aknoun» avec Hocine Aït Ahmed, Saïd Chibane, Amar Ould Hamouda, Omar Oussedik et Ouali Benaï. Cet hymne, dédié à la cause qu'il défendait depuis son plus jeune âge, a bercé des générations de militants de tamazight. L'homme a de fait symbolisé la lutte pour la reconnaissance de l'identité berbère. Il n'a manqué aucun rendez-vous de l'histoire de cette revendication, notamment l'ouverture démocratique du pays, dont l'une des conséquences a été la reconnaissance par le pouvoir politique de la dimension amazighe de la société algérienne. Après avoir servi l'Etat algérien en qualité de wali de Chlef entre autres fonctions, Mohand Ouidir Aït Amrane a vu une partie de son rêve s'accomplir à la faveur de la création, sous le président Zeroual, du Haut commissariat à l'amazighité (HCA). Instance qu'il a dirigée depuis sa mise en place jusqu'à sa mort. Ce même HCA a connu une reconnaissance constitutionnelle lors de la promulgation de la Constitution de 1996, laquelle avait également consacré la dimension amazighe. Le travail accompli par le HCA est à l'origine d'une controverse, au sens que les avis divergent sur l'apport qu'il a fourni à la cause amazighe, mais il est certain que l'Algérie a réellement gagné à le compter parmi ses institutions et la personnalité qui a eu à présider aux destinées du Haut commissariat, à savoir Mohand Ouidir Aït Amrane, a réussi à faire en sorte que cette institution demeure active, même si les contingences politiques ont voulu qu'elle se retrouve au second plan. L'entrée de tamazight dans la Constitution de la République en tant que langue nationale a été, sans doute, un grand moment dans la vie du défunt qui aura vécu le moment fort de l'entrée de sa langue maternelle dans le texte suprême de la nation. Liant fortement son destin à celui de l'Algérie, Mohand Ouidir Aït Amrane a également été un militant de la cause nationale. Un engagement qu'il a payé par un emprisonnement de plusieurs années dans les geôles du colonialisme. Il s'est éteint à la veille du cinquantenaire de la révolution.