Ce projet est une transposition de la Ligue islamique de cheikh Sahnoun, pour fédérer les tendances de la mouvance islamiste. Le vétéran des islamistes, Abdallah Djaballah, le secrétaire général du FJD,s'accroche à son projet même au prix de l'implosion de son parti. L'université d'été du Front de la justice et du développement, dont les travaux se déroulent du 18 au 21 août, se tiendra, sous le slogan «Réunification, devoir légitime, nécessaire et réaliste», au centre familial Echatt d'El-Tarf. Plus de 600 participants sont conviés à ce rendez-vous, dont des représentants des partis islamistes des pays arabes. Les débats et les résolutions finales traiteront des outils des voies et des moyens à même de lever des obstacles devant la réalisation de cette réunification des rangs des islamistes. Contacté hier, Amar Khababa, membre du bureau national, un des fondateurs du FJD et représentant du parti au sein de la Cnltd et l'Isco, qui n'a pas pris part à l'université d'été de son parti, refuse de commenter l'initiative de cheikh Djaballah. Ce dernier reconnaît avoir annoncé récemment à travers sa page Facebook, son retrait de la vie politique. Cette décision, qui s'apparente à une démission du FJD, intervient parallèlement à la tentative de Djaballah «de rassembler les enfants du courant islamiste», une initiative lancée au début du mois en cours. Egal à lui-même, Djaballah qui gère sa formation en solo a réussi à fédérer tout le monde contre lui. Un remue-ménage serait en gestation au niveau des instances nationales et structures régionales de son parti: «Des membres fondateurs du parti, des secrétaires de plusieurs wilayas, se sont réunis mardi dernier à Constantine pour dénoncer la violation des principes et les statuts du parti par le chef du parti», selon les comptes-rendus de la presse nationale. Toutefois, le député de Constantine du FJD, Lakhdar Benkhelaf, dément qu'il y ait un remue-ménage ou quelque dissension au niveau de sa circonscription. Ce député évoque en revanche une intox ciblant son parti, tout en avouant qu'il n'est pas au courant du la réunion des dissidents à Constantine. «Tous les secrétaires de wilayas, sans exception, sont présents à l'université d'été», a-t-il tenu à préciser. Ce dernier affirme se rendre dès aujourd'hui à El-Tarf «pour animer une conférence sur la situation politique et économique du pays». M.Benkhelaf nie également la démission de Amar Khababa, en affirmant que ce dernier demeure encore cadre du parti. Par ailleurs, les contestataires menaceraient de prendre une décision radicale si le président du parti ne sursoyait pas à sa «dérive». Néanmoins, l'entêtement contre vents et marées de Djaballah suscite des résistances internes et plusieurs interrogations. Si Djaballah insiste aujourd'hui sur ce projet, en dépit des résistances internes à son parti et à sa mouvance, c'est qu'il a de fortes motivations politiques, indiquent certains observateurs. A titre de rappel, très peu de figures de proue de la mouvance islamiste ont répondu à l'appel de Djaballah, à l'exception de son fidèle allié Mohamed Boulahya. Ni le MSP, ni El-Islah et Ennahda et encore moins des personnalités de la mouvance islamite n'ont adhéré à cette initiative. Le lieutenant de Djaballah, l' ex-président d'El-Islah, M Boulahya, animera une conférence intitulée «Union des islamistes, entre réalité, espoir et défis». Les partisans de Djaballah, qui n'écartent pas de prendre langue avec le pouvoir, pour peu que l'ordre du jour et la démarche du pouvoir soient clairs, reprochent aux autres leaders des partis islamistes de se contenter de simples alliances électoralistes. Situant l'initiative dans le prolongement des précédentes tentatives de fédérer les forces islamistes en Algérie, Djaballah avait expliqué que son projet visait «à servir l'avenir du pays». Il s'agit, selon lui, d'instaurer le dialogue sur les repères et l'aspect organisationnel du mouvement afin de permettre au courant islamiste de trouver les meilleures formes structurelles et organisationnelles pour réaliser l'unité des rangs. Cependant, en manque de popularité et de charisme, Djaballah n'est plus que l'ombre de lui-même. La majorité des partis et des personnalités refusent d'y participer. Pour ces derniers, ainsi que ses partenaires au sein de la Cnltd, la crise politique que vit le pays impose l'union stratégique de tous les partis de l'opposition sans exclusion car la solution se situe au-dessus du courant islamiste et concerne tous les courants politiques. Pour plusieurs observateurs, la tentative de donner un nouveau souffle à la mouvance islamiste, sera un autre fiasco politique qui s'inscrira sur le compte de Djaballah.. Ce projet est une transposition de la Ligue islamique pour la da'wa et le djihad créée en février 1989 par cheikh Sahnoun Ahmed, figure de la Djez'ara ou salafia, pour fédérer les différentes tendances de la mouvance islamiste. Cette instance où siégeait aussi bien Abassi Madani, Ali Belhadj, que Nahnah et Djaballah, a fini par être récupérée par le FIS dissous. La ligue a ensuite implosé en cédant au chantage de l'ex-FIS et la mort de plusieurs de ses fondateurs. Mais le rêve des islamistes n'a pas été achevé pour autant. Par ailleurs, le frère ennemi du FJD, en l'occurrence le MSP, a choisi de tenir son université d'été sous le slogan «Rénovation de la pensée politique». Contrairement à Djaballah, le président du MSP, Abderrazak Makri opte pour l'élargissement de la base militante et le renforcement de la position de son parti. L'université d'été du parti du défunt Nahnah sera organisée du 23 au 26 août à Alger.