El Islah accepte la pluralité dans la mouvance islamiste comme elle est acceptée dans les autres courants. La mouvance islamiste qui a perdu beaucoup du terrain après la tragédie infligée au peuple algérien, tente de se refaire une virginité et de reconquérir les esprits. C'est dans ce registre qu'on peut cataloguer les nombreuses initiatives durant ces derniers mois où plusieurs islamistes ont affiché leur intention de constituer de nouveaux partis politiques. Parmi ces derniers, deux au moins ont été très médiatisés, à savoir l'ancien cadre dissident du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdeladjid Menasra, et tout récemment, le leader islamiste, Abdallah Djaballah. Djaballah a lancé, en effet, son nouveau parti, le Front pour la justice et le développement (FJD), le 30 juillet à Alger. Ces partis s'ajouteront, s'ils étaient agréés, à ceux déjà existants (El Islah, Ennahda et le MSP). Cinq partis qui ont, à quelques exceptions près, le même projet politique. Mais ce foisonnement ne risque-t-il pas de produire un effet néfaste pour cette mouvance qui ira aux élections en rangs dispersés comme cela s'est produit durant les précédents scrutins avec, en plus, des scores humiliants? Le lancement du nouveau parti de Abdallah Djaballah nous mène à poser une autre question sur l'avenir des autres partis islamistes, notamment El Islah et Ennahda créés par le même Djaballah. Ce dernier a été evincé de ces partis, mais à chaque fois, il en crée un autre dans lequel se retrouvaient naturellement les mêmes militants. Preuve en est, le congrès constitutif du FJD qui s'est tenu en présence des représentants des 48 wilayas du pays. Mais cela n'inquiète pas outre mesure ces partis qui n'arrivent pas à mobiliser les citoyens en leur faveur à l'occasion des élections. Le score obtenu par Djahid Younsi, candidat d'El Islah à la présidentielle de 2009, est dérisoire. Y a-t-il de la place pour tous les islamistes? L'actuel secrétaire général du parti El Islah, Hamlaoui Akouchi, répond par l'affirmative. «La démocratie doit profiter à tout le monde», a-t-il déclaré dans une communication téléphonique. «La pluralité dans la mouvance islamiste, nous l'acceptons comme elle est acceptée dans les autres courants», a-t-il ajouté. Interrogé sur le parti de Djaballah qui risque de broyer les partis agréés et de les vider de leur substance militante, notre interlocuteur a souligné que celui qui vient de s'inviter sur la scène politique ne l'intéresse pas. «Nous ne sommes inquiets de l'existence d'aucun parti sur la scène, pour peu qu'il utilise la pratique démocratique loin de la violence», a-t-il estimé. Le secrétaire général d'El Islah ne craint-il pas une hémorragie au sein des autres partis pour rejoindre le FJD de Djaballah? «On ne croit pas que nos militants rejoindront le parti de Djaballah et celui qui veut partir, est libre. Quant à nous, nous sommes convaincus par les idées et les projets d'El Islah», a-t-il répondu. Lors du lancement de son parti, Abdallah Djaballah a fait appel aux islamistes pour unir leurs rangs et à participer à la construction de son parti pour offrir plus de chance à la mouvance islamiste afin de peser sur le fonctionnement de l'Etat. El Islah est-il disposé à s'unir avec le parti de Djaballah? «Je ne sais pas s'il nourrit de tels projets», s'est contenté de dire notre interlocuteur.