On a évité les sujets qui fâchent La réunion s'est tenue, pour la première fois, en présence du leader Abdellah Djaballah et du président du MSP Abderrazak Makri. La Coordination nationale des libertés et de la transition démocratique veut à tout prix maintenir sa cohésion. Minée par de sérieux problèmes, la Cnltd fait semblant que tout va bien. D'ailleurs, lors de la réunion ordinaire, tenue lundi dernier au siège du Parti de la justice et du développement (PJD), ce bloc de l'opposition a complètement fait l'impasse sur les sujets qui fâchent. Ni la rencontre de Abderrazak Makri avec Ouyahia ni l'initiative de Djaballah portant sur la création d'un pôle islamiste n'ont été évoquées. D'entrée, les membres de cette coordination s'en tiennent aux formalités et tentent, chacun en ce qui le concerne, d'éviter toute déclaration susceptible de fâcher l'autre. Ainsi, le discours est aseptisé, au point où l'on se demande à quoi sert la Cnltd, si chaque formation la composant n'est en aucun cas comptable devant les autres. Et pour cause, alors que cette réunion intervient 48 heures après l'annonce par Djaballah de créer le pôle islamiste, cette entité politique n'a guerre évoqué ce sujet pour exprimer sa position. «Nous n'avons pas du tout parlé de ces questions car elles ne concernent pas la Cnltd», a affirmé Naâman Laouer député du MSP et porte-parole de l'Alliance de l'Algérie verte. Contacté par nos soins, Laouer assure que la réunion s'est déroulée dans de bonnes conditions. Pour lui, les partis sont libres d'entreprendre des actions individuelles au nom de leur parti, l'essentiel est de respecter ses engagements au sein de la Coordination. Même avis partagé par Lakhdar Benkhelaf qui estime que l'initiative de Djaballah n'a rien à voir avec la Cnltd. La Coordination ne voulait pas susciter davantage de sensibilité entre ses membres. Surtout que la réunion s'est tenue en présence, pour la première fois, du leader Abdellah Djaballah et du président du MSP Abderrazak Makri, ainsi que d'Ahmed Benbitour, Mohamed Douibi d'Ennahda et Mohcen Belabas du RCD et Smaïl Saïdani de Jil Jadid. Nul n'ignore que le courant ne passe plus entre Abderrazak Makri et Abdellah Djaballah ces derniers temps. Depuis la rencontre de Makri avec le directeur de cabinet de la Présidence Ahmed Ouyahia, M.Djaballah a crié sur tous les toits son opposition. Le chef du PJD est allé jusqu'à menacer de se retirer de la Coordination nationale des libertés et de la transition démocratique. «Notre maintien ou retrait de la Coordination sera décidé lors d'une réunion de notre bureau politique qui se tiendra au plus tard vendredi prochain», avait averti Djaballah dans une déclaration faite au site électronique TSA. Le Front de la justice et du développement a été très critique envers la Cnltd qui n'a pas sanctionné Makri. «On aurait aimé que la Coordination prenne une position claire par rapport à cette rencontre pour dire que nous n'acceptons pas ce genre d'initiatives et que nous ne voulons pas les voir se répéter dans l'avenir», avait affirmé Amar Khababa, membre du bureau national du FJD chargé du dossier de la Cnltd et des relations avec les partis. Le parti de Djaballah a réagi à sa manière en tentant de couper l'herbe sous les pieds du MSP à travers la création du pôle des islamistes. Les observateurs de la scène politique voient en cette initiative une tentative pour Djaballah d'imposer son leadership sur le terrain en tant que représentant de la mouvance islamiste. Devant le rejet du MSP et d'Ennahda de ce projet, la collaboration entre les trois partis membres de la Cnltd sera compliquée. Pour contourner ces problèmes et éviter un effritement de cette alliance, la Coordination semble avoir trouvé la solution. Celle-ci préfère axer sur les objectifs communs en orientant ses actions sur les problèmes du pays et la conjoncture actuelle. D'ailleurs, la réunion de lundi dernier a été consacrée à l'examen de la situation politique et économique du pays et les préparatifs de la rentrée sociale. Dans un communiqué rendu public, la Coordination a réitéré son attachement au travail politique commun dans le cadre de la plate-forme de Mazafran qui reste une solution pour la crise politique en Algérie. La Coordination a mis en garde sur la gravité de la situation, en réitérant son appel à une transition démocratique. Parmi les actions retenues, la coordination du travail concernant le programme de la rentrée sociale qui s'annonce déjà difficile. Certes, les membres de la Coordination ont réitéré leur volonté de travailler ensemble pour leur action, il n'en demeure pas moins que les différentes initiatives lancées de part et d'autre auront un impact sur son action.