«Définir les points de discorde concernant le projet d'amendement du code de la famille.» D'emblée, une rencontre-débat autour du projet de révision du code de la famille, réunissant d'irréductibles opposants et de fervents défenseurs, n'est jamais de trop pour ainsi dire, et cela pour deux raisons. D'abord parce que le thème choisi est encore d'actualité et constitue, à l'instar de la question des disparus, l'un des dossiers «sensibles» aux yeux des Algériens, peuple et dirigeants. Et ensuite, attendons-nous, en ce genre de rencontre, à une ambiance électrique de la part des intervenants de tout bord. C'est en somme, dans une telle optique que s'inscrit l'initiative de l'Union nationale des cadres pour l'Algérie (Uncpa), tenue, jeudi dernier, au centre de presse El Moudjahid à Alger, et organisée conjointement avec l'Instance nationale pour la protection de la famille (Inpf). Le thème à débattre en ce rendez-vous, auquel a pris part Mme Benhabylès, ex-ministre déléguée chargée de la Promotion de la femme rurale, a porté sur «la définition des points de discorde concernant le projet d'amendement du code de la famille». Mme Benhabylès qui est actuellement à la tête d'une association en charge des préoccupations des victimes du terrorisme, a été d'ailleurs la seule personne parmi tous les intervenants à se prononcer en faveur du projet de révision du code de la famille. Son soutien ouvertement affiché n'a pas été sans provoquer une ire perceptible du côté des détracteurs du même projet, en particulier l'islamiste radical, Chems Eddine Bourouba, pour qui une telle position lui a fait voir des vertes et des pas mûres. Mais avant que Bourouba (membre influent de l'ex-FIS) ne s'exprime sur la question, c'est à Mme Benbraham, juriste de grande notoriété dans le milieu algérois et présidente de l'Union pour la protection de la famille (Unfp), de rejeter en bloc l'initiative du gouvernement portant sur l'amendement du code de la famille, tel qu'il a été conçu depuis 1984. Mme Benbraham n'est pas allée par quatre chemins pour remettre en cause la légitimité de la commission Boutarène chargée de l'élaboration du nouveau code de la famille. «De quel droit, 52 personnes s'érigent en concepteurs du nouveau code de la famille», a-t-elle martelé en faisant allusion que c'est là une question qui nécessite une consultation élargie à tous les acteurs de la société. Mme Benbraham a indiqué que l'association Infp, qu'elle préside, a mis en oeuvre un autre projet de révision qui se veut une alternative à celui établi par la commission Boutarène et insiste sur le fait que cette commission n'est pas légale et qu'elle n'a pas travaillé dans les normes. Dès lors, une question s'impose d'elle-même: combien d'Algériennes et d'Algériens que l'association Infp a pris le soin de consulter pour l'établissement de son code de la famille que Mme Benbraham n'a pas jugé utile de présenter, jeudi dernier, à l'assistance? La réponse à cette question, on la saura probablement dans les jours à venir. D'autre part, Chems Eddine Bourouba, dont l'intervention n'a pas été sans rappeler la montée au créneau des politiques islamistes au sujet de la révision du code de la famille, dira pour sa part que ce projet «n'est pas conforme à la charia». C'est là exactement ce que le leader d'El Islah, Abdallah Djaballah, et comme lui, les militants du MSP n'ont cessé de répéter sur tous les toits avant que le président de la République se prononce officiellement en faveur de la révision du code de la famille.