Concert n C?est toute l?Afrique qui ressort ainsi à travers sa musique. Karim Ziad, artiste multi-instrumentiste et fort de sa renommée, était en concert, jeudi, à la salle El-Mougar, un événement musical qui a drainé un public nombreux. Le batteur, accompagné de son orchestre, s?est dévoilé avec tout son savoir-faire en matière de chant et de jeu musical, et cela en étalant son fameux répertoire puisé dans la tradition musicale gnawa. Sa musique se situe à la croisée d?instruments tirés du terroir (derbouka, karkabou ou guembri) et d?instruments modernes (basse ou batterie). C?est un mélange de gnawa et de jazz. Un style confirmé, reconnu. Une association habilement imaginée de rythmes traditionnels et contemporains. Karim Ziad revendique dans sa musique son héritage culturel afro-maghrébin, un héritage ancestral, le tout est donc sonné dans un glissement jazzy. Ce qui fait sa spécificité et confère une personnalité, une identité propre à Karim Ziad qui a su penser cette organisation si colorée et qui n?a pas manqué, un instant, de faire vibrer le public, qui, obtempérant à son instinct qui, lui, allait au rythme des percussions singulièrement percutantes, n?a pas tardé à se laisser aiguiller par le tempérament chaud et fougueux d?une musique fortement animée, même suggestive. Il est entré en transe, se libérant et s?affranchissant de la pesanteur du dehors. Le public a franchi le pas. Il est allé au-delà du conscient ; et dans l?hystérie collective, chacun s?est exprimé dans la liesse et la sueur, et dans une gestuelle bien tumultueuse, voire littéralement débridée. Ses chansons comme Ya Ridjal Allah ou La Illaha Ila Allah ou encore Min Eshark Ila Elgharb s?inscrivent dans la pure tradition aïssaoua et se veulent des louanges à Dieu, et cela jusqu?à la transe. Autant de chansons en effet qu?avaient interprétées tantôt Karim Ziad tantôt Aziz Sahmaoui (des voix qui enchantent l?ouïe) et qui avaient, de ce fait, hypnotisé l?assistance. C?est l?affrontement derbouka-batterie qui a lâché le public et l?a mis en effusion. Une effervescence typiquement africaine, bien de chez nous. C?est toute l?Afrique qui ressort ainsi à travers sa musique, cette Afrique avec ses mystères et ses couleurs, ses sonorités et son histoire que les instruments, aussi bien traditionnels que modernes, ont su raconter dans une ébauche de résonances à caractère purement authentique et qui nous viennent tel un flot orageux mais vivifiant pour nous y ressourcer et nous y retrouver. Le concert, entreprenant, est fini, mais on en ressort tout secoué, le rythme encore dans la peau.