Le 22 novembre 1999, il était assassiné à bout portant en plein centre d'Alger. Son enterrement a été, dans une grande mesure, l'enterrement du FIS. Car, entendons-nous bien, le FIS était encore là, présent, même après sa dissolution, et était même prêt à ressurgir, pour peu que les conditions s'y prêtaient. Que reste-t-il de l'ex-FIS? C'est-à-dire: que reste-t-il de la première force du pays en 1990-1991 et qui allait, dans un bâillement, avaler le monde? La question mérite certainement le détour et il n'y a qu'à voir ce qu'était et ce qu'est devenue la structure du parti, pour concéder que nous sommes en face de deux mondes différents. Le 7 juillet 1997, à sa sortie de prison, Hachani représentait encore l'espoir pour le FIS de revenir sur la scène politique légale. L'élément important, voire incontournable, d'un vaste échiquier théologico-politique ne «résista» que deux ans, avant d'être abattu. Sa mort même suscita, une vaste polémique dans les milieux avisés. Les critiques étrangers doutent carrément de la véracité de la thèse de l'acte isolé perpétré par un vague petit voyou qui répond au nom de Boulamia Fouad. Hachani était au centre d'une véritable toile d'araignée tissée au terme d'une stratégie très élaborée. Entre des organisations et des tendances aussi disparates et contradictoires qu'étaient le GIA, le Fida les salafistes, les djaz'aristes, les «politiques», les «armés», les dialoguistes, les obstructionnistes et les maximalistes de l'immense nébuleuse islamiste, Hachani était un bon équilibriste équidistant. Son appartenance djaz'ariste en faisait une figure de proue de l'intelligentsia islamiste. A-t-il fait les frais de ce djaz'arisme auquel le GIA avait déclaré la guerre? Peut-être. L'important est de noter que, après lui, la structure du parti ou ce qui en restait, se lézarda complètement pour tomber, ensuite, en ruine. Qui des gens de l'ex-FIS, en liberté, peut objectivement, affirmer aujourd'hui, que le parti pourra se relever de ses décombres? L'éclatement des structures politiques du parti a fini par éparpiller aux quatre vents une base qui s'est désintégrée rapidement dans les soucis d'un quotidien de plus en plus incommode. Le parti ne se fera plus jamais en tant que structure politique. La réalité sociologique de l'ex-FIS, elle, peut se reformuler dans d'autres structures, s'habiller autrement et se mettre sous d'autres emballages. Avant sa mort, et depuis l'incarcération des deux leaders, en 1991, Hachani a été la pièce maîtresse du FIS. Après lui, il n'y a jamais eu de FIS. Au point que les actuels tenants de ses thèses essayent vainement de s'accrocher à l'idée d'organiser un congrès à l'étranger en s'appuyant sur son nom. Mais le «congrès Hachani» n'a pas trouvé homme à sa mesure.