Le projet algérien coïncide avec l'initiative américaine du «Grand Moyen Orient» lancée par Bush. Deux défis majeurs attendent le sommet de la Ligue arabe prévu à Alger en mars prochain. En premier lieu, il s'agit de rassembler tous les dirigeants arabes lors de cette cession qui coïncidera avec le 60e anniversaire de la création de la Ligue arabe. Le second, d'une importance aussi grande, a trait à la réforme de cette structure qui fonctionne encore avec des textes «dépassés depuis 60 ans». Saisissant l'opportunité d'une conjoncture internationale favorable, l'Algérie a relancé le projet de réforme de la ligue. «Le prochain sommet sera celui de la réconciliation, des réformes et de l'unification des rangs arabes» a déclaré le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, à l'hebdomadaire londonien El Haouadidh cité par l'APS. Le projet de réforme proposé par Alger, coïncide en avec effet l'initiative américaine du «Grand Moyen-Orient» de l'administration Bush. Un concept géographique nouveau qui insiste sur la démocratisation, la réforme de l'enseignement, la promotion de la femme considérée comme un des piliers de la modernisation et sur l'ouverture économique pour une zone allant du Maroc à l'Afghanistan. L'Algérie a officiellement indiqué qu'elle n'est pas concernée par ce projet pour deux raisons essentielles: d'abord, «le processus et les réformes démocratiques ont été déjà initiées en Algérie ensuite, l'Algérie ne croit pas à la démocratie aéroportée». C'est ce qu'a soutenu Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie algérienne. «Nous estimons que chaque Etat doit se démocratiser à son rythme et avec ses propres ressources, sans la moindre contrainte extérieure, comme cela semble être le cas présentement», a ajouté Belkhadem. Pour développer son initiative, l'administration Bush s'est essentiellement basée sur les rapports 2002 et 2003 du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) concernant les pays arabes. Un constat alarmant a été fait par le Pnud, mais le document américain n'a retenu que ceci: «Le produit intérieur brut combiné des vingt-deux pays de la Ligue arabe est moindre que celui de l'Espagne», ou encore: «Approximativement 40 % des Arabes adultes sont illettrés, les deux tiers d'entre eux étant des femmes». Bush propose alors «la modernisation» de ces pays, c'est-à-dire favoriser la démocratie, développer le droit des femmes, instaurer un développement économique à même de combattre la pauvreté. En réalité, les projets de réforme du monde arabe sont au coeur de l'actualité mondiale puisqu'ils figurent à l'ordre du jour de l'UE, de l'administration Bush, du G8, de l'Otan et du Sommet arabe. Et c'est dans ce dernier cadre régional que l'Algérie a proposé de changer l'ordre arabe. Le plan algérien, proposé lors du dernier sommet de Tunis, comprend trois axes principaux: le premier prévoit un développement politique, la promotion de la démocratie, de la liberté d'expression, des droits de l'homme et du droit de la femme à participer aux activités politiques. Le deuxième axe vise à créer une complémentarité économique entre les pays arabes. Deux propositions qui collent qui anticipent sur le projet de Bush «beaucoup plus imposé que proposé». Quant au troisième axe, il appelle à revoir le système de vote actuellement en vigueur dans la Ligue arabe et qui est basé sur le principe de l'unanimité. L'Algérie a proposé de remplacer ce système par celui de la majorité des deux tiers. Cette idée consiste en ce que tous les Etats arabes se succèdent à occuper le poste de secrétaire général de la Ligue arabe.