Le Sommet d'Alger, qui se tiendra en mars prochain, sera celui des ultimes retouches pour ce projet qui vise à redessiner la carte de la région. La position de l'Algérie sur l'initiative américaine dénommée “Grand Moyen-Orient”, plusieurs fois remaniée et retouchée pour réaliser un consensus entre les différents acteurs internationaux, a été clairement réaffirmée hier par le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, au cours de la rencontre consacrée à l'avenir du Mena. S'inspirant certainement du discours du chef de l'Etat, prononcé lors du Sommet du G8 qui s'est tenu le 9 juin dernier en Sea Island (Géorgie) aux Etats-Unis d'Amérique, Belkhadem a déclaré dans son intervention que “l'Algérie, qui a entamé, depuis longtemps déjà, de profondes réformes politiques, économiques et institutionnelles, soutient depuis la tenue du G8 à Sea Island, cette initiative et accompagnera les efforts qui seront déployés pour la mise en œuvre des réformes dans la région”. Cette déclaration montre tout l'intérêt qu'accorde notre pays au projet du président Bush, réélu le 2 novembre dernier, notamment dans ses volets politique et économique. Au cours de la rencontre d'hier, marquée essentiellement par une guerre feutrée entre les Américains et les Français, venus défendre la position de l'UE, l'Algérie n'a pas raté l'occasion pour remettre sur le tapis ses réserves sur le document que tend de vendre l'administration de Bush via le très influent groupe des huit plus riches du monde, le G8 en l'occurrence. Parmi les principales réserves émises figurent la nécessaire : “Reconnaissance des spécificités de chacun, avec le respect de la légalité internationale pour le retour de la paix, de la stabilité et la sécurité dans la région proche-orientale, notamment en Irak, la fin de la tension entre Israël et la Syrie et la résolution du problème palestinien”, a tenu a affirmer hier Belkhadem devant les participants à la conférence de Rabat. Le chef de la diplomatie ne fait que rappeler la remarque soulevée par le président de la République, en juin dernier, lorsqu'il a déclaré que “les initiatives européennes et américaines semblent ignorer les origines véritables de l'instabilité et des tensions au Moyen-Orient, les expliquant essentiellement par une dégradation de la situation socioéconomique et par un déficit démocratique. En tout état de cause, un plan standard de réformes pour l'ensemble du monde arabe ne me paraît guère pertinent en raison de la diversité et des caractéristiques propres à chaque pays”. L'Algérie, dont la position est claire, est aujourd'hui appelée à jouer un rôle important, dans l'aboutissement de cette initiative et ce, en raison de sa position géostratégique. La première rencontre, consacrée à l'avenir du projet cher au président des Etats-Unis, tenue hier au Maroc, intervient à la veille du sommet très attendu de la Ligue arabe prévu en mars 2005 en Algérie. La réforme, la démocratisation et la modernisation seront les trois axes sur lesquels plancheront les participants pour concrétiser les engagements signés par les chefs des pays arabes lors du dernier sommet de la ligue qui s'est tenu il y a quelques mois à Tunis. L'initiative américaine “Grand Moyen-Orient” sera rediscutée à la lumière des évènements survenus sur la scène internationale et particulièrement dans la région. Il est attendu que les réserves des pays arabes concernés par l'initiative soient consignées dans une résolution qui sera adoptée lors du sommet d'Alger, étape décisive dans l'application des réformes dans la région, estiment des observateurs qui suivent avec attention l'évolution et les turbulences que connaissent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, ces dernières années... Aussi, il est important de signaler que la rencontre de Rabat intervient à la veille de deux élections importantes voire déterminantes pour l'avenir de l'initiative américaine dans la région : il s'agit de l'élection présidentielle en Palestine, le 9 janvier, et du scrutin législatif le 30 du même mois en Irak. En attendant, Washington agit avec prudence pour éviter tout dérapage qui causerait un retard dans l'avancement de son projet. L'équipe de Bush a réadapté sa stratégie en diversifiant moyens, méthodes et interlocuteurs dans la région. M. A. O.