Le Premier ministre conservateur britannique entend organiser un vote à la Chambre des Communes après la reprise parlementaire demain. La volonté affichée par le Premier ministre britannique David Cameron de participer aux frappes aériennes contre le groupe Etat islamique en Syrie risque d'être contrariée par la probable élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste. Le Premier ministre conservateur entend organiser un vote à la Chambre des Communes après la reprise parlementaire demain. L'an dernier, il avait obtenu le feu vert pour participer aux frappes de la coalition internationale contre l'EI, mais limité à l'Irak. Avec l'objectif d'élargir un jour cette mission à la Syrie. Toutefois, la situation a changé et avec Jeremy Corbyn, déjà opposé aux premières frappes et qui entend s'excuser pour la participation de son pays à la guerre en Irak en 2003 s'il prend la tête du Labour le 12 septembre, le gouvernement est obligé de réviser sa feuille de route. «J'irai plus loin sur cette question seulement s'il y a un vrai consensus au Royaume-Uni», a déclaré à la presse M. Cameron, vendredi à Madrid. Il a fait valoir que l'action militaire contre l'EI faisait partie du «programme global» qu'il envisage pour faire face à la crise des réfugiés qui voit des dizaines de milliers de personnes, dont de très nombreux Syriens, affluer en Europe. La commission parlementaire des Affaires étrangères doit discuter de la possibilité de ces frappes en Syrie mardi. Mais le Premier ministre ne dispose que d'une majorité étroite aux Communes et sait qu'il ne peut obtenir son aval sans le soutien de l'opposition. D'autant que certains membres de son camp y sont aussi opposés. S'il est techniquement libre de se passer de l'avis du Parlement pour ce genre d'interventions militaires, il s'est engagé à le consulter avant tout élargissement des frappes britanniques. «Il pense qu'il est nécessaire d'agir davantage contre l'EI mais il préférerait obtenir un consensus», a déclaré récemment sa porte-parole à la presse. Ce qui semble impossible avec un Jeremy Corbyn aux manettes du Labour. «Je ne crois pas que des frappes aériennes en Syrie contribuent à autre chose qu'à tuer beaucoup de civils», a déclaré le travailliste, cité par cette semaine. Et M. Cameron ne veut pas revivre le camouflet infligé fin août 2013 par le Parlement qui s'était opposé à une première intervention en Syrie, à l'époque contre le régime du président Bachar al-Assad accusé d'utiliser des armes chimiques. L'un des échecs les plus cinglants en matière de politique étrangère de son premier mandat. Sa volonté d'en découdre avec l'EI en Syrie a été décuplée par l'attentat qui a coûté la vie à 38 touristes dont 30 Britanniques en Tunisie en juin. Début juillet, en visite aux Etats-Unis, il avait signifié son intention d'organiser un vote sur des frappes tandis que son ministre des Affaires étrangères défendait «le bien fondé» d'intervenir dans ce pays car l'EI ne connaît lui pas de frontière. Le Royaume-Uni fait partie d'une coalition de plus de 60 pays et a mis à disposition huit jets Tornado pour effectuer des missions en Irak, ainsi que des drones Reaper. La mission de ses Tornado vient d'être prolongée d'un an, jusqu'en mars 2017.