Les formations aux normes de sécurité dispensées par les entreprises maritimes demeurent désuètes. Avec le naufrage du Béchar et l'échouement des deux autres navires, c'est toute la question de la politique de sécurité maritime qui se trouve, de ce fait, remise en question. Nombreux ont été, en effet, les griefs portés par des observateurs à l'encontre des entreprises nationales du transport maritime dont le souci accordé aux mesures de sécurité ne semble pas constituer la priorité, comme cela devrait être le cas. La responsabilité du port d'Alger n'échappe pas, elle non plus, à cette réalité avec l'épineuse et récurrente question de l'exiguïté des quais qui pousse très souvent les navires à rester en rade. Un expert dans l'exploitation et le transport maritimes dresse, sous le couvert de l'anonymat, un constat très critique vis-à-vis des sociétés qu'il accuse de légèreté, voire, dans certains cas, de laxisme pour ce qui a trait à la sécurité du personnel à bord. Bien que le naufrage des bateaux ne constitue pas en lui-même un précédent, il n'y a pas de raison en revanche, pour justifier la perte en vies humaines, à une distance de 700 ou 800 mètres du port, a-t-il rajouté. Selon cet expert, si mort et disparition ont eu lieu au cours de ce drame, c'est parce que l'équipage des bateaux n'a pas été suffisamment doté en moyens de sécurité tel que le gilet de sauvetage, lequel, justement, a fait défaut dans ce cas de figure. «Si les personnes se trouvant à bord portaient leur gilet de sauvetage, la question des disparus notamment, ne se poserait même pas.» Or, les victimes dépourvus de tels moyens n'ont pu faire face au vent violent et surtout aux vagues qui ont atteint plus de huit mètres. «Une telle négligence a entraîné la disparition d'une dizaine d'hommes sans compter, bien sûr, les morts et les blessés», a-t-il commenté. Dans le même ordre d'idées, notre analyste regrette le peu d'importance que les sociétés opératrices accordent à ce volet en organisant, de façon intempestive, de simples exercices de secourisme sans grande conviction pour, soi-disant, adapter les navigateurs aux mesures de sécurité: «Il n y a pas de formation sérieuse qui prenne en charge une question aussi sensible», déplore notre interlocuteur aux yeux de qui l'heure a sonné pour revoir, de fond en comble, l'exploitation ainsi que la protection des navires. Il faudrait selon lui, en finir avec les formations «bidon» qui sont données actuellement et mettre le paquet, en experts et en moyens, pour que des scénarios catastrophiques ne se reproduisent plus.