A moins de 10 jours de l'Aïd El-Adha, les prix des moutons continuent à grimper Echaudés par plus d'une dépense, les ménages affichent de moins en moins d'engouement quant au sacrifice de l'Aïd El Adha, cette fête religieuse aux mille et une senteurs perdues. A quelques jours de l'Aïd El Adha, les chefs de famille continuent de prospecter les souks et les points de vente, à la recherche d'un mouton au prix raisonnable, pour la circonstance, comme ils ont l'habitude de faire jusque-là. Il est vrai que, bon an mal an, les prix ont de tous temps évolué, mais jamais autant que cette année. L'agneau le moins cher coûte entre 32.000 et 35.000 dinars. Le prix d'un mouton moyen varie entre 50.000 et 60.000 allant jusqu'à 100.000 dinars. Les éleveurs et les revendeurs justifient cette hausse fulgurante par la cherté de la vie en général et de celle des aliments du bétail en particulier. Dans ce contexte, des maquignons approchés, eux-mêmes, ont confirmé la cherté du cheptel cette année. Aussi, ils expliquent que la disponibilité des moyens de transport fait que jusqu'à 70% des moutons proposés à la vente à l'occasion de l'Aïd El-Adha sont ramenés du nord du pays Annaba notamment, se répercute directement sur les prix. Ajoutons dans le même sillage que les intermédiaires qui procèdent, peu avant la fête de l'Aïd El-Adha, à l'achat des cheptels pour les placer dans des garages et des hangars dans la ville, «influent» aussi sur le prix des bêtes et le font grimper. L'on affirme que les intermédiaires ne négocient même pas le prix des bêtes, les embarquent le plus rapidement possible, convaincus que tout sera vendu et que la marge bénéficiaire est assurée. C'est l'amer constat que tout le monde peut faire. Il faut reconnaître que c'est «une saignée budgétaire de plus pour les ménages, déjà ruinés par les évènements successifs, à savoir le Ramadhan et la rentrée scolaire». Le problème des prix du mouton de l'Aïd se pose chaque année et les chefs de famille essaient de le résoudre en fonction de leurs moyens financiers. Cette autre saignée vient allonger la liste des frais occasionnés par les nombreuses fêtes et les circonstances particulières qui se répètent tout au long de l'année. En tout cas, à moins de 10 jours de l'Aïd El-Adha, les prix des moutons continuent à grimper, une hausse qui va priver probablement plusieurs familles de l'achat du mouton de l'Aïd. «Les prix ont toujours été élevés comme les années précédentes. Mais cette année la hausse est fulgurante», nous diront plusieurs chefs de famille, rencontrés au souk de Boukhmira et du côté de l'aéroport. Nombreuses sont les personnes qui ont exprimé leur grande déception quant à cette spéculation qui touche aussi le prix du cheptel, en cette période précise, au point de leur faire perdre le goût de ce sacrifice religieux. En dépit des camions chargés de moutons en zones périphériques et les dizaines de points de vente ouverts dans plusieurs quartiers à Annaba, le manque d'engouement et de frénésie se fait sentir chaque jour un peu plus, deux des aspects reflétant la perte des valeurs de cette fête religieuse sacrée. Dégradation du pouvoir d'achat, hausse des prix à tous les niveaux, crise économique, due à la chute du prix du pétrole, mais surtout opportunisme spéculatif, autant de facteurs à l'origine du malheur de centaines de ménages, incapables de célébrer l'Aid El Adha «C'est dingue de se payer un mouton de 43.000DA, alors que mon salaire est de 8000 DA», dira Khaled, agent de sécurité dans une entreprise privée. Mêmes propos tenus par Louiza, agent de nettoyage dans une clinique du centre-ville de Annaba. «Avec mes 12.000 DA, je ne parviens pas à subvenir aux besoins de mes quatre enfants, dont trois scolarisés, comment voulez-vous que je puisse acheter un mouton, même le moins cher», a répondu la femme qui, en toute vraisemblance ne pense même pas au mouton, encore moins à cette fête religieuse, cette dernière que seules les personnes nanties pourront célébrer. Quant aux familles démunies ou à faibles revenus, elles continueront à mener leur combat pour assurer les dépenses prioritaires de leur quotidien et vivre au jour le jour