La secrétaire générale du PT livre sa lecture de l'actualité Selon le PT, le brusque départ à la retraite de Toufik reste flou et peut avoir des retombées fâcheuses sur le pays. «Il ne s'agit pas de remplacer un responsable par un autre au niveau de l'encadrement de l'armée car un militaire, même en retraite, reste un militaire. Le limogeage du chef du Département du Renseignement et de la Sécurité est le couronnement d'un processus de démantèlement du DRS et c'est ça qui est un danger. Il est vrai que le président de la République a le droit de mettre à la retraite et de promovoir des cadres et officiers de l'armée et cela ne se discute pas puisqu'il se fait conformément aux dispositions de la Constitution actuelle. Mais peut-on imaginer Obama déstructurer la CIA ou transférer certaines de ses prérogatives au Pentagone dans un moment d'incertitude? Est-il normal que le général Toufik soit mis à la retraite en cette période pleine de dangers?» a déclaré Louisa Hanoune à l'ouverture des travaux du secrétariat national de son parti, hier à Alger. «Lorsque j'ai réagi aux attaques du secrétaire général du FLN contre le général Toufik, le président Bouteflika a demandé à me voir. Je lui ai, lors de notre entrevue, posé trois questions sur le chef du DRS: a-t-il trahi la nation? Est-il impliqué dans des opérations de corruption? A-t-il échoué dans ses missions? A toute ces questions, le Président a répondu: «Jamais». Qu'est ce qui a changé depuis? Quelle lecture peut-on faire de la mise à la retraite de Mohamed Mediène dans une conjoncture minée par des dangers? Quelle lecture peut-on faire de l'arrestation du général Hassan? s'est également interrogée la porte-parole du Parti des travailleurs avant d'ajouter: «La question de l'éviction de Toufik est sensible, en rapport avec les retombées possibles qu'elle peut avoir, notamment en matière de lutte antiterroriste aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale.» La multitude de questions, qu'elle s'est posée n'a cependant pas empêché Louisa Hanoune d'asséner ses vérités. En effet, selon elle, «le processus de démantèlement du DRS s'est enclenché suite aux enquêtes sur la corruption que ce service a menées». Pis encore, la patronne du PT a même évoqué «une joie» de la CIA et de la Dgse» que «les comportements souverainistes» de Toufik «exaspèrent». «La démantèlement du DRS ressemble à un appel à la population pour que tout le monde se mette à voler. Qui bénéficie de cette opération? Ce sont les voleurs, les prédateurs et les corrompus. Tartag a hérité d'une structure vide. Ceci nous a été expliqué comme étant une opération de restructuration. S'il s'agissait vraiment de cela, on aurait commencé par mettre en place de nouvelles structures, pas l'inverse. L'Algérie a pourtant été un modèle en matière de lutte antiterroriste grâce à l'armée et au DRS? Pourquoi le démanteler? Ceci est une source de fragilisation du pays, de démoralisation des soldats et de liquidation de l'immunité du pays.» Au discours interprétant le limogeage du général Toufik comme étant un pas vers «l'Etat civil», Louisa Hanoune a réagi presque ironiquement en considérant que «l'on n'ira pas vers un Etat civil mais vers un Etat militaire puisque les prérogatives du DRS ont été transférées vers l'état-major de l'armée» et pour lever toute équivoque sur l'interférence supposée du DRS dans la vie politique du pays, elle fait savoir que «le PT n'a jamais subi une quelconque pression ou injonction de la part du DRS». Continuant sur la même lancée et constatant la situation de crise économique et sociale que vit le pays, notamment depuis la chute brutale des prix du pétrole, elle a indiqué que «la régression économique et sociale mène toujours vers des systèmes totalitaires». Par ailleurs, revenant sur la situation économique du pays, elle a vigoureusement dénoncé les dernières mesures du gouvernement qui, selon elle, visent à donner des cadeaux aux oligarques et à étouffer davantage la population. Elle a cité, à titre d'exemple, la généralisation de la taxe d'habitation à toutes les communes du pays et son augmentation dans les grandes villes du pays, à l'image d'Oran, Alger, Annaba et Constantine. Elle a également cité l'autorisation récente des entreprises à contracter des dettes sur le marché international, ce qui constitue un grave danger pour elles et risque de conduire l'Algérie sur le même chemin que la Grèce. «Ce qui se fait est un prélude à une rupture totale entre les citoyens et l'Etat, et ceci se fait dans une conjoncture minée de dangers», a-t-elle relevé en outre en s'interrogeant: «Comment va réagir le pouvoir en cas de révolte populaire?»