La passivité des services de sécurité n'a d'égal que «l'insolence» et «l'impunité» de ces dizaines de milliers de délinquants. Sans doute l'accident de la route qui a endeuillé hier-matin la wilaya de Ouargla, mais aussi le pays tout entier, devra-t-il servir de énième mais ultime sonnette d'alarme en direction de l'ensemble des autorités en charge de la sécurité des citoyens. La délinquance routière et le banditisme prennent en effet des allures pour le moins effrayantes sans que les responsables, services de sécurité en tête, ne s'en émeuvent outre mesure. Statistiquement parlant, il est possible de dire que l'Algérie continue d'enregistrer une moyenne de 11 à 12 morts quotidiens avec près de dix fois plus de blessés dont certains ne survivent pas tandis que d'autres ne s'en remettent jamais totalement attendu que la prise en charge psychologique fait également cruellement défaut sous nos cieux. Le bilan de la semaine dernière, un parmi d'autres, en attendant le suivant aggravé par l'hécatombe de Ouargla, fait ainsi état de pas moins de 88 morts, 713 blessés, le tout enregistrés lors de 459 accidents de la route. De quoi donner le tournis même aux âmes les plus flegmatiques, surtout si l'on sait que les principales raisons de ces drames au quotidien, sinon les seules, sont dues au non respect du code de la route, les infractions les plus diverses et des défaillances techniques facilement détectables lors des contrôles routiers s'il s'en faisait encore comme par le passé. Absorbés par la lutte antiterroriste, les services de sécurité, à commencer par les policiers et les gendarmes qui en ont la charge express, ont quasi totalement délaissé ce genre de contrôles qui, par le passé, évitaient en amont pas mal de drames en stoppant des véhicules aux feux défaillants, aux freins douteux... etc, mais aussi les conducteurs un peu trop portés sur la boisson ou les barbituriques. Il faut dire que ni le nouveau code de la route ni le renforcement des contrôles routiers, notamment avec les motocyclettes légères et les agents aux carrefours, n'ont été d'une grande efficacité dans la prévention des accidents routiers. Bien souvent, les agents, pour des raisons qu'il serait difficile, voire aléatoire de cerner, n'interviennent pas, même quand un «délit» routier ou autre se passe littéralement sous leur nez. C'est pourquoi la hausse de la délinquance routière n'a d'égal, aujourd'hui que celle des crimes commis littéralement au vu et au su de tous. Il ne se passe pas un seul jour, pour ne citer que cet exemple, sans que des citoyens ne se fassent agresser en plein jour, devant tout le monde, qui pour se faire voler un portable, qui pour se faire délester de ses bijoux, et qui de son maigre pécule, localisé par des «experts» au moment où le pauvre quidam va pour payer un quelconque achat. Malheur à celui qui oserait se défendre, ou intervenir. Les coups de couteau, dispensés à l'emporte-pièce par des «enfants» inconscients de leurs actes avec les doses «létales» de «Madame Courage» ingurgitées, risquent à tout moment de provoquer des drames irréparables. Des morts quotidiennes sont ainsi enregistrées lors de ces agressions. Quant à aller déposer plainte, il faut dire que bien souvent, tout est fait pour décourager le pauvre malheureux. Si on ne lui demande pas simplement de revenir le lendemain, il sera soumis à un interrogatoire en règle qui le fera douter du rôle de «victime» qu'il est censé être en train de jouer. L'on se demande aussi pourquoi les autorités, dépendant notamment du ministère du Commerce, laissent fleurir les magasins spécialisés dans les «flashages» des portables alors que tout le monde sait que plus de 80 % de ces appareils sont le produit de vols à la tire. Idem pour les marchés de Ruisseau et de Belcourt, où les voleurs écoulent leurs marchandises le plus tranquillement du monde, comme chacun peut le constater chaque jour, alors que cela se passe à quelques encablures de commissariats de police. Les vols de voiture, non plus, ne sont pas en reste. Là encore, les délinquants se font de plus en experts en la matière. Entre ceux qui vous ouvrent la portière à la volée pour prendre tout ce qui leur passe sous la main, ceux qui vous cassent la vitre pour vous délester dans un embouteillage, ceux qui volent des autoradios sans façades pour leur en procurer dans des magasins également spécialisés dans ce genre de recels, et ceux qui prennent tout le véhicule, les filières prolifèrent sans que personne ne soit en mesure d'y mettre un terme. Trop, c'est trop ! Aucun argument ne peut justifier que la situation continue d'aller en s'aggravant de la sorte. Il faut agir, et vite, au lieu de se contenter de réagit, laissant toujours l'initiative aux bandits de tout acabit et aux délinquants de la route.