C'est affublé d'une kachabia que le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait le tour des quartiers sinistrés d'Alger. Draria, Frais-Vallon, Bologhine, les Trois-Horloges, Bazetta et Bab El-Oued ont été autant de points où le Président de la République a eu à constater de visu la précarité, le dénuement et la détresse dans leurs dimensions les plus inhumaines. Après avoir commencé sa tournée par Draria, où des dizaines de familles ont été relogées à la cité des 617 Logements, il a poursuivi sa «descente aux enfers». Inspectant les travaux effectués au niveau de Frais-Vallon, il a continué son chemin tout droit vers Bab El-Oued en passant par les quartiers les plus démunis, sorte de bidonvilles qui sonnent comme une insulte, une plaie dans le corps d'une capitale, des mansardes de fortune construites dans le lit même des oueds, et qui ont précipité la mort de beaucoup de leurs occupants. Accompagné de plusieurs officiels, dont le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis, et le ministre de l'Intérieur, Nourredine Zerhouni, Larbi Belkheir, directeur de cabinet à la présidence, et le général major, Fodhil Chérif, chef de la 1re Région militaire et des autorités civiles et militaires de la wilaya d'Alger, Bouteflika a eu souvent avec les citoyens un langage décontracté et direct. Aux citoyens de Frais-Vallon, qui se plaignaient de ne pouvoir bénéficier de logements dans le cadre du sinistre qui a frappé la capitale, il a répondu: «Les experts viendront et évalueront toutes les habitations qui menacent leurs occupants. Je vous le promets, parole d'homme!» A Bologhine, où la tension était visible sur le visage des citoyens venus en grand nombre faire leurs doléances, exiger, crier, en un mot, se plaindre de leur situation, Bouteflika dira: «Je vous comprends, alors vous, comprenez-moi. Nous avons des sinistrés. Nous commencerons par eux, ils sont proritaires. Mais je vous promets que, dimanche, et pas plus tard, l'expert viendra évaluer les dommages subis par chaque habitation». Chez les uns et les autres, des citoyens auxquels il a rendu cette visite inopinée, il soulignera, avec amertume, que par exemple, «sur une liste de 100 inscrits, il y avait deux vrais sinistrés et 98 inscrits non concernés par l'opération». Ces tentatives de triche sont certainement nourries par la précarité de tous les citoyens des quartiers populaires, qui, devant l'accumulation des problèmes, n'entendent pas respecter les procédures. Le Président insiste sur cela, disant qu'il « comprend cette façon de glisser entre les choses, mais que la priorité actuelle requiert, de tous, d'aider les plus affectés par le sinistre». Le Président a pris le f'tour avec les joueurs de la JSK qui devaient disputer, trois heures plus tard, la finale de la Coupe de la CAF contre l'Etoile du Sahel, avant de prendre le chemin de Mohammadia, à la périphérie est d'Alger, où il s'est enquis de la situation et des travaux de réfection qui s'y déroulent, et de terminer sa journée à la tribune officielle, en supporter attentionné de la JSK. Cette journée, véritable marathon présidentiel dans les bas-fonds d'Alger, aura permis à Bouteflika de toucher du doigt les sources de tensions sociales, en même temps qu'il aura entendu, de façon directe, presque agressive, la détresse des gens. «Nous savons, monsieur le Président, que nous transgressons les lois, avec ces constructions anarchiques, mais nous n'avons pas trouvé quelqu'un pour nous écouter et nous venir en aide», ont scandé les citoyens de Frais-Vallon et Bab El-Oued.