Le Président de la République recevra, demain, le guide spirituel l'ayatollah Mohamed Mohamedi, accompagné d'une forte délégation. La nouvelle donne, qui a succédé aux attentats du 11 septembre contre les Etats-Unis, et la révision de la stratégie internationale à l'égard du terrorisme ont amené plus d'un pays à changer ses cartes, ses amis et surtout à trouver la méthode pour acquérir la sympathie des uns et des autres. L'Iran, qui a reconnu avoir gaffé avec Alger, est l'un de ces pays qui comptent désormais faire avec les règles du jeu. Trois éléments ont rendu possible et même nécessaire le nouveau rapprochement algéro-iranien. D'abord, l'arrivée aux commandes des deux régimes aussi bien à Alger qu'à Téhéran. Ensuite, la nouvelle tendance économique des relations internationales qui fait des deux amis pétroliers des années 70 des partenaires de l'avenir. Enfin, le retour de l'Algérie sur la scène mondiale dont ne peuvent se passer les Iraniens, qui veulent être présents en Afrique. Lors du tête-à-tête qu'il aura avec les deux responsables de l'Exécutif, l'émissaire du régime des ayatollahs abordera, sans nul doute, les axes de coopération. La visite, la première depuis des années, a un caractère culturel et humanitaire d'autant que sa programmation est décidée par les deux parties, après les intempéries qui ont frappé le pays. Après les ONG, les équipes de football, les artistes, les politiques et diplomates français, ce sont les responsables iraniens qui se rendent sur les lieux. La délégation iranienne, qui séjourne depuis mardi en Algérie, a préféré, hier, à l'instar des précédentes délégations étrangères, se rendre d'abord à Bab El-Oued en compagnie du guide spirituel, l'ayatollah Mohamed Mohamedi, du ministre des Affaires religieuses et des Habous. Une fois la minute de silence observée, les membres de la délégation ont constaté de visu les dégâts qu'ont causés les intempéries à Frais-Vallon, à Triolet, aux Trois-Horloges, à la rue Mira et au complexe El-Kettani. Le guide spirituel iranien a fait un don personnel de 1 million de dinars en signe de solidarité avec les victimes. La visite, qui se poursuivra aujourd'hui et demain, sera ponctuée par des escales dans l'est et l'ouest du pays, et ce, outre un périple dans la capitale. Téhéran, qui compte revenir au bon vieux temps des relations algéro-iraniennes, semble utile de renforcer la coopération dans les domaines culturel, religieux, de la formation et de la recherche universitaire et scientifique. Constantine, Tlemcen, Oran et Alger accueilleront, durant ces quatre jours, les visiteurs perses qui feront une halte dans les sites historiques et archéologiques. Pour clôturer son périple, le guide spirituel sera reçu par le Président de la République et le Chef du gouvernement afin de débattre, apparemment, de la nouvelle mouture des relations entre les deux pays. On se souvient que Abdelaziz Bouteflika avait accepté l'offre des Iraniens, qui consistait à ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Il était donc temps pour Téhéran de faire le deuxième pas, après la visite qu'a effectuée le président de l'APN, Abdelkader Bensalah, à Téhéran. Il semble que les deux parties sont animées d'une réelle volonté de normaliser des relations, tendues pendant longtemps.