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Un phénix aux pieds de fer
COMPLEXE SIDERURGIQUE D'EL HADJAR
Publié dans L'Expression le 08 - 10 - 2015

Ce fleuron de l'industrie algérienne fut inauguré le 19 juin 1969 par le défunt président Houari Boumediene
Autrefois fleuron de l'industrie en Algérie et de toute l'Afrique, le complexe sidérurgique d'El Hadjar trébuchant quinze ans durant entre gloire et décadence, semble aujourd'hui renaître de ses cendres.
L'histoire du complexe d'El Hadjar remonte à 1958, plus précisément au plan de Constantine de 1958. Il était sensé être implanté dans la wilaya d'El Tarf, dépendant à l'époque du département de Bône. La Société bônoise de sidérurgie (SBS) avait pour mission, en ces temps-là, la réalisation un haut-fourneau ainsi que ses annexes, sauf que le projet français n'a jamais vu le jour. Il fut réactualisé après l'indépendance par l'Etat algérien et réalisé par la SNS (Société nationale de sidérurgie) le 3 septembre 1964. Implanté à Annaba, sur ordonnance du défunt président Houari Boumediene, l'objectif était la création d'un grand pôle industriel de sidérurgie à Annaba. Ce fleuron de l'industrie algérienne fut inauguré le 19 juin 1969 par le défunt président Houari Boumediene qui avait toujours aspiré à un moyen de création de richesses assez performant. En effet, l'Algérie se devait d'asseoir une industrie solide, capable de générer une plus-value importante, des emplois suffisants pour répondre aux besoins des citoyens et, surtout, produire assez de biens pour ne pas dépendre entièrement de l'étranger. Mis sur pied, le complexe d'El Hadjar, appelé communément la SNS, offrait des milliers d'emplois. Durant les années 1970-1980 et jusqu'en 1990, l'usine comptait quelque 22.000 travailleurs. Ce géant de la sidérurgie, reconnu à l'échelle régionale et continentale, a amplement hissé le pays vers le cercle des pays industrialisés, renforçant ainsi son indépendance économique. Les perturbations politico-économiques caractérisant le pays en cette période, ont placé en 1983 ce fleuron de l'industrie algérienne sur les rails de la restructuration. Sur les cendres de la SNS était créée l'Entreprise nationale Sider qui devint Groupe Sider en 1995, pour passer de l'Entreprise administrée à l'Entreprise publique économique (EPE/SPA).
Et l'Indien arriva...
C'est la date fatidique de ce géant de l'acier en Algérie. Sa décadence avait été amorcée par un plan de redressement interne du groupe Sider en 1999, date de la création de 25 entreprises industrielles autonomes (filiales), dont Alfasit qui représente le coeur du domaine de la sidérurgie du complexe. La mise à mort de l'usine sidérurgique d'El Hadjar avait été signée le 18 janvier 2001, lorsqu'un contrat de partenariat entre LNM (Inde) et Sider (Algérie), a donné naissance à Ispat Annaba, un contrat considéré comme une bouée de sauvetage pour l'industrie métallurgique en Algérie. La règle 29/51 était la principale clause du contrat de partenariat entre l'Indien Lakchmi Kommar et la société Sider. De par les termes du contrat de partenariat, LNM détient 70% des parts de cette nouvelle société et Sider 30%. Depuis, Ispat
Annaba - regroupe les filiales de Sider liées aux métiers de base de la sidérurgie: Alfasid, Almain, Gessit, Iman, AMM, Comersid, Alfatub, Cryosid, Coprosid et Fersial. Depuis 2001, aucun bénéfice, encore moins un investissement, n'avait été engagé dans cette entité. Effectivement, c'est comme s'il s'agissait d'une programmation, les installations de production du complexe tombaient l'une après l'autre en panne.
Cette même programmation prévoyait des débrayages provoqués par un même groupuscule de salariés manipulés de l'extérieur face auquel, le partenaire étranger faisait la sourde oreille. La bouffée d'oxygène censée être apportée par ce partenariat n'a été, en réalité qu'un profond gouffre dans lequel s'enfonçait l'usine et tout l'effectif réduit en moins de 15 ans à 5 300 travailleurs.
Outre les départs en retraite, un grand nombre de travailleurs a fait l'objet de compression, ce qui a aggravé le chômage à Annaba et dans plusieurs wilayas de l'Est du pays.
Beaucoup d'argent pour un maigre résultat
Engrangement des bénéfices à coups de centaines de milliards, le partenaire étranger décide de changer la dénomination de la société en décembre 2004. Après que LNM Holding ait fusionné avec Ispat International, la fusion entre Mittal Steel et Arcelor, Mittal Steel Annaba, a donné naissance à ArcelorMittal Annaba. Cette fusion fut le coup de grâce pour le complexe sidérurgique d'El Hadjar. Le fiasco d'un partenariat était bien visible. La crise financière économique qui a secoué le monde, dans le secteur de l'industrie notamment, a été le meilleur subterfuge pour le partenaire étranger de mettre en avant toutes les tentatives de compression, le plan Omega en l'occurrence. Mais surtout la détermination à mettre au pied du mur toute l'entité.
L'exploitation des équipements des unités de production du complexe usés ne pouvait qu'assurer le bénéfice du partenaire, pendant que les revendications socioprofessionnelles des sidérurgistes ne figuraient pas à l'ordre du jour de la direction d'Arcelor Mittal. Cette attitude et bien d'autres, à l'origine de dizaines de débrayages, guerres intersyndicales, manipulées bien sûr par les sbires de la direction générale du complexe. N'étant pas indifférent, encore moins sourd à ce qui se passait au sein de celui qui a fait la fierté de l'Algérie des années durant, le gouvernement algérien décide d'un accord stratégique, relatif à la révision de la règle des 49/51%. En effet, en octobre 2013, le capital d'Arcelor Mittal passe à 49% contre 51% pour Sider. Notons que la prise de cette décision par l'Etat est survenue sur la base des caisses vides de l'entreprise. D'où l'impossibilité d'opérer une quelconque opération de réhabilitation, dans le cadre du plan d'investissement que le partenaire étranger a avancé, l'Etat Algérien vient une fois encore, à la rescousse de cette entreprise. Et le Trésor public algérien a été appelé à renflouer les caisses vides d'une société sidérurgique toujours en perte de vitesse. Une mission qui s'ajoute à beaucoup d'autres ayant pour objectif d'assurer à ArcelorMittal Algérie la couverture financière nécessaire à la réhabilitation ou le renouvellement des installations de production.
Et comme on dit «dépenses pour dépenses» le gouvernement algérien a décidé de prendre le taureau par les cornes, en débloquant 1,5 million de dollars aussi bien pour son propre intérêt que pour l'intérêt d'un partenaire présumé défaillant. Car au vu de la situation prévalant au sein du complexe, l'Etat algérien vient de procéder au transfert des capitaux du complexe sidérurgique d'ArcelorMittal, devenu à 100% algérien, écartant ainsi le partenaire étranger. Ce dernier, qui devra quitter l'entité au plus tard fin décembre prochain, s'agissant de la décision du chef de l'Etat, quant à la reprise des actifs du groupe Sider, le député du PT Smaïn Kouadria, ex-SG du syndicat de l'entreprise ArcelorMittal Annaba, qualifie la décision de victoire pour l'Algérie et les travailleurs, tout en espérant que cette nouvelle orientation politique et économique, soit étendue aux autres activités industrielles telles que le port d'Alger, Oran-Sovet, Tébessa-Eter Guelma.


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