Ce n'est pas la première fois qu'un cafouillage médiatique a lieu entre la presse et des officiels algériens. L'affaire des touristes pilleurs rebondit encore une fois en reposant une sérieuse problématique de communication de nos officiels. Le ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara, a regretté que ses propos au sujet de l'affaire des touristes pilleurs soient déformés par «certains journalistes». Lors de son passage, hier, en direct au forum de l'Entv, le ministre a nié avoir déclaré explicitement que les touristes ont été retrouvés. «Je parlais à des journalistes dans le hall du siège du Sénat, à qui je disais qu'il ne s'agissait pas d'un enlèvement ou d'un quelconque acte de terrorisme, mais d'un simple égarement ; au même moment, un sénateur venait de m'informer que ces touristes ont été retrouvés et je me suis exclamé: Al Hamdoullah ! (Dieu merci)», a rectifié le ministre du Tourisme, ajoutant qu'il n'a même pas parlé avec le journaliste qui «s'est empressé de rapporter une information aussi sensible et qui peut provoquer une agitation». Dans son rectificatif, M.Kara a pointé le doigt sur les agences de presse étrangères qui, dit-il, «n'avaient pas savouré l'information du fait qu'il ne s'agissait pas d'un enlèvement de touristes par des éléments terroristes». Les touristes allemands, au nombre de cinq, ont été portés disparus la semaine dernière dans le Sud algérien. Ils ont été retrouvés sains et saufs, trois jours après, dans la région de Djanet. Les cinq touristes ont faussé compagnie à leur guide pour piller des sites archéologiques. Sur le sujet évoqué avec insistance par des confrères, le ministre du Tourisme, qui exposait les réalisations de son secteur, a souhaité ne pas «parler de pilleurs dont l'affaire est maintenant prise en charge par la justice algérienne». «La presse a déformé mes propos», a dit Mohamed Seghir Kara. Mais il se trouve que l'information a été rapportée par une radio nationale publique, la Chaîne III en l'occurrence. Devant le cafouillage qui s'en est bizarrement suivi, la même radio a démenti, dans son journal de 19 heures, l'information selon laquelle des touristes allemands, en visite touristique dans le Sahara algérien, auraient été retrouvés. «La chaîne III, sur la base d'indications recueillies en marge des travaux du sénat, a rapporté une information selon laquelle les touristes auraient été retrouvés. Cette indication, selon un communiqué du ministère du Tourisme, aurait été attribuée par erreur à M. Mohamed Seghir Kara, ministre du Tourisme», a indiqué la radio dans son journal. Ce n'est pas la première fois qu'un cafouillage médiatique a lieu entre la presse et des officiels algériens. Le même problème a eu lieu lors des déclarations faites par l'ex-ministre du Tourisme, M.Dorbani, lors de l'affaire de l'enlèvement des touristes autrichiens et allemands par le groupe terroriste d'Abderrezak El Para. Toujours dans l'affaire de la déformation des propos par les journalistes, un incident diplomatique a failli avoir lieu entre l'Algérie et le Tchad au sujet de l'extradition d'Abderrezak El Para, alors détenu par le mouvement rebelle tchadien, le Mjdt. Dans une conférence devant les journalistes, la presse a rapporté des propos du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Quelques jours après, le ministre de l'Intérieur a déclaré que ses propos ont été déformés. Une question se pose alors : seraient-ce les journalistes algériens qui déforment réellement les propos des responsables politiques ou les responsables qui ont un sérieux déficit en termes de communication?