«Les critiques du département de Khalida Toumi sont infondées.» La polémique soulevée mercredi dernier par des chercheurs et responsables au sein du ministère de la Culture sur les «défaillances des départements concernés par la protection des vestiges du parc national du Tassili et le manque de coordination au sein de la commission interministérielle chargée de ce dossier, une défaillance qui aurait laissé libre champs aux pillards du patrimoine national», semble créer un véritable malaise au sein du gouvernement. Hier, C'était au tour du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire de réagir aux «reproches» formulés en termes à peine voilés par le département de Mme Khalida Toumi. «Je préfère m'abstenir de commenter ses déclarations», fulmine M.Chérif Rahmani, en marge de la conférence de presse organisée hier au siège de son département. Cela dit, en réfutant les critiques prononcées par des responsables du parc national du Tassili, notre interlocuteur précise que son département «a apporté 12 millions de dollars en 2002 uniquement pour la protection de la biodiversité dans le Parc national du Tassili. C'est important. Qu'on ne dise pas aujourd'hui que nous sommes défaillants, j'estime que ce chiffre renseigne sur notre engagement en faveur de la protection de l'environnement dans cette région». Et d'ajouter: «On espère que cet argent, débloqué par le Fonds mondial pour la protection de l'environnement sera géré convenablement pour ne pas que récidive ce qui s'est passé pour le site d'El Kala.» Mme Malika Hached, ex-directrice de l'Office national pour la protection du parc national du Tassili, si elle s'est félicitée de la collaboration des agents de l'Onpt avec les différents corps des services de sécurité (ANP, Gendarmerie nationale, Police), il n'en demeure pas moins qu'elle a mis en exergue, mercredi lors de la conférence de presse organisée au CIP, «le manque flagrant de coordination avec les autres secteurs tels le ministère du Tourisme, de l'Environ-nement et des Finances». Le ministre promet de faire le point en détail sur cette question à l'occasion de la conférence de presse qui sera animée dans quelques jours par la Fondation Déserts du monde. Interrogé, par ailleurs, sur le drame survenu au port d'Alger dans la nuit du 13 au 14 du mois courant au port d'Alger et qui s'est soldé par le naufrage du cargo le Béchar et l'échouage du vraquier Batna. Le ministre dégage formellement la responsabilité de son département. «Tout le monde sait que le drame a eu lieu dans un domaine qui relève de l'institution portuaire», tient-il à signaler de prime abord. Avant d'enchaîner: «la commission Tel Bahr mise en état d'alerte pour faire face aux éventuelles pollutions dans la mer, est prête à intervenir. Mais au moment où je vous parle, le besoin ne se ressent pas». Chérif Rahmani rappelle qu'après les fameuses alertes des bateaux qui avaient échoué l'année dernière à Skikda, Jijel, Boumerdès, son département avait présenté un document au gouvernement pour renforcer les capacités de Tel Baher. «Nous avons même proposé l'interdiction d'entrée au port des bateaux qui sont sur la liste noire de l'Union Européenne y compris ceux du pavillon national. Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités». Notons à ce sujet que les responsables de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) sont au centre de tirs nourris de la part du Syndicat des officiers de la marine marchande (Snommar) qui affirme que les navires Béchar et Batna ne répondaient pas aux normes nationales et internationales de navigation. Dans un autre volet, le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a estimé que la mise en oeuvre du nouveau dispositif législatif et réglementaire relatif à la préservation de l'environnement les trois dernières années a permis de réaliser des améliorations notables dans la réduction des pollutions dans beaucoup de wilayas. «Ces améliorations sont le résultat de l'application du principe du pollueur payeur consacré, avec force, dans la nouvelle loi relative à la protection de l'environnement». Le ministre a étayé ses propos par un bilan chiffré. Il précisera dans ce sens que 1900 personnes ont été écrouées ses trois dernières années pour atteinte à l'environnement. Plus de 66.000 infractions ont été signalées en 2002 contre 60.000 en 2003. Les déchets industriels, l'extraction du sable et les constructions illicites sur le littoral, le travail informel, sont les principales infractions enregistrées. Près de 240 entreprises ont été fermées pour non-respect des normes environnementales. Concernant le retrait des sachets en plastique, le conférencier dira que «c'est une illusion que d'espérer leur éradication totale. C'est un problème très complexe. Dans les prochains jours le gouvernement va dévoiler sa nouvelle stratégie dans ce domaine».