Il est loin le temps où ils sortaient manifester leur solidatité aux Palestiniens Ce désintérêt s'explique par la cassure qui s'est vraisemblablement produite entre la mouvance islamiste et la population algérienne. Les évènements dramatiques qui ont pour théâtre les territoires palestiniens occupés par Israël où plusieurs dizaines de jeunes Palestiniens, souvent des adolescents y ont laissé la vie constitue, ces derniers jours, le sujet le plus abordé sur la Toile algérienne. Exit les partis politiques, notamment les islamistes qui semblent totalement largués ou alors, ils ne mesurent pas l'importance que prend le sujet au sein de la société algérienne. En effet, les réseaux sociaux regorgent de commentaires, de vidéos et d'informations de toutes sortes sur ce qui se passe en Palestine occupée. Tous les Internautes algériens, dont les postes sont énormément partagés et commentés, affichent leur soutien indéfectible à la cause palestinienne et participent, de fait, à l'effort de communication mondiale sur les agissements inhumains de l'armée israélienne. La question palestinienne n'est pas évoquée dans le cybermonde seulement. Des actes de solidarité concertés ont été organisés dans de nombreux stades de football du pays, à l'occasion des matchs de la Ligue 1 et la Ligue 2 et même les divisions inférieures. On a ainsi vu des galeries de supporters chanter à tue-tête «Falestine Chouhadas», à Alger, Sétif, Oran et ailleurs. Il y a eu même quelques beaux gestes, à l'image de l'immense drapeau palestinien qui a été dessiné par des milliers de supporters tout au long d'une tribune dans un stade de Sétif. Toutes ces manifestations de soutien populaire ont été relayées par les réseaux sociaux et ont donc donné le ton de la solidarité agissante des Algériens avec les Palestiniens des territoires occupés par Israël. Le retour de sympathie dans les quartiers même d'El Qods occupée, exprimé par les jeunes de Palestine a également fait le tour de la Toile arabe et algérienne.C'est dire que ce qui s'apparente de plus en plus à une troisième intifadha trouve un large écho au sein de la population algérienne et notamment sa frange juvénile. Cette large prise de conscience populaire pour une question qui agite le monde, preuve en est le grand rassemblement de soutien à la Palestine, organisé hier, à Bruxelles et les multiples tractations diplomatiques, ne trouvent malheureusement pas du répondant au sein de la classe politique nationale. A l'exception de Louisa Hanoune qui s'est plainte, à juste titre, du peu d'intérêt réservé par la presse nationale au sujet et Ahmed Ouyahia qui a rendu un hommage appuyé aux Palestiniens, l'ensemble de la classe politique nationale a totalement évacué le sujet. En effet, les islamistes qui étaient si prompts à réagir et appeler à des manifestations de rue pour soutenir la Palestine ont marqué un silence pesant depuis l'éclatement des violences en Palestine occupée. Pourtant, tous les partis s'étaient exprimés à diverses occasions, mais à aucun moment, l'un des leaders islamistes n'a eu une pensée pour les Palestiniens. Les questions de politique nationale ont absorbé la totalité de leur «temps de parole» dans les médias écrits et audiovisuels du pays. L'oubli de cette question de prédilection pour la mouvance islamiste traduit sans doute la profondeur de la mutation de la famille islamiste algérienne qui semble moins encline à défendre la cause palestinienne. Ce désintérêt s'explique aussi par la cassure qui s'est vraisemblablement produite entre la mouvance islamiste et la population algérienne. Celle-ci a fini par comprendre que les partis de cette obédience ont de tout temps instrumentalisé la question palestinienne à des fins politiciennes. Aussi, la mobilisation populaire qui s'est concrètement exprimée dans les stades de football et sur la Toile n'a pas attendu le moindre feu vert de n'importe quel parti politique pour se manifester. Il convient de relever également qu'en plus des partis islamistes et les formations politiques du camp républicain qui ont «zappé» la question palestinienne, le FLN, traditionnellement acquis à la cause palestinienne, n'a pas mis la mobilisation en faveur de la Palestine dans son agenda politique. Sortie du champ de la récupération politicienne, la question palestinienne est actuellement prise en charge par la société. Les Algériens ont choisi les lieux et le mode de leur manifestation, dans le respect des lois de la République et sans créer le moindre incident ni tension. Il faut dire que les réseaux sociaux et les stades de football ont été et sont toujours les endroits privilégiés pour les jeunes, lorsqu'ils veulent s'exprimer. Avant la Palestine, la Toile et les stades ont vibré pour nombre de questions de politique nationale, en dehors des partis et des associations.