La situation était plus fragile que l'on avait pensé Le recul des prix du pétrole semble avoir pour origine le niveau des réserves de l'Arabie saoudite et le retour de l'offre iranienne. Le baril subit encore une fois quelques perturbations alors qu'on le croyait mis sur orbite. Tous les indices convergeaient vers la sortie du baril du fond du puits. Baisse de la production américaine, hausse de la demande mondiale, offensive de l'Opep... C'est certainement l'une des rares fois depuis leur descente aux enfers que les prix du pétrole s'étaient retrouvés dans une position aussi favorable pour rebondir. Les cours de l'or noir s'étaient même hissés au-dessus de la barre symbolique des 50 dollars à Londres. Le début de semaine en cours allait malheureusement démontrer que la situation était plus fragile que l'on avait pensé. Les prix du pétrole qui ont entamé leur repli lundi le poursuivent. Hier vers 11h30, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 48,38 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Un légère perte de 23 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, dont c'est le dernier jour de cotation, était à l'équilibre, lâchant 5 cents à 45,84 dollars. Les superstitieux diront que c'est le mauvais oeil. Comme la conjoncture actuelle du marché ne relève pas de phénomènes paranormaux, cette explication irrationnelle ne répondra pas à l'élucidation des tribulations des cours de l'or noir. Les observateurs qui ne lisent pas dans le marc de café l'attribuent au phénomène de la surabondance de l'offre qui risque de gonfler davantage. Pourquoi? «La chute des prix du pétrole semble avoir pour origine le fait que les réserves de pétrole brut de l'Arabie saoudite se situent à des niveaux record», soulignait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. «Sur le front de l'offre, les réserves de pétrole brut du Royaume ont grimpé pour leur part au niveau record de 326,6 millions de barils en août, enregistrant une augmentation de 6,4 millions de barils sur un mois», notaient David Hufton et Tamas Varga, analystes chez PVM. Le retour de l'offre iranienne, dont la perspective se rapproche alors que le pays se prépare à mettre en oeuvre l'accord nucléaire conclu en juillet avec les Occidentaux, affectait également le moral des investisseurs, qui craignent une nouvelle surabondance d'offre signale-t-on d'autre part. «Ajoutant une pression supplémentaire sur les cours, dimanche était la journée de l'adoption officielle de l'accord nucléaire qui ouvre les portes à une complète mise en oeuvre de celui-ci et à la fin des sanctions d'ici la fin de l'année ou le début de l'année prochaine», expliquaient les spécialistes de PVM. La Banque mondiale (BM) qui a abaissé sa prévision de prix moyen du pétrole à 52 dollars le baril pour 2015 au lieu de 57 dollars en juillet prévoit dans un rapport, sur le prix des matières premières, publié hier que «l'Iran devrait augmenter dans les prochains mois sa production de 500.000 à 700.000 barils par jour pour atteindre un total de 3,6 millions de b/j, soit leur niveau de 2011». «Les prix pourraient toutefois être soutenus par une réduction de la production américaine de pétrole de schiste et les risques géopolitiques», ajoute l'institution de Bretton Woods. Ce qui indique que le baril n'en est pas encore à un rebond près quand bien même Riyadh et Téhéran vont rebattre les cartes.