Dernières réunions à Bonn avant la conférence de Paris sur le climat en décembre prochain Les pourparlers ont repris hier dans une atmosphère apaisée après une journée de lundi marquée par les protestations des pays en développement, furieux de voir le texte amputé d'une partie de leurs propositions. Après une première journée agitée, les négociateurs climat de 195 pays réunis à Bonn devaient rencontrer hier le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et tenter d'accélérer la cadence en vue d'un accord mondial contre le réchauffement à Paris. Ils ne disposent plus que de quatre jours de discussions officielles avant la conférence mondiale (30 novembre-11 décembre) qui sera présidée par Laurent Fabius. «Mon souhait est qu'on mette à profit ces quelques jours pour avancer fortement», avait souhaité M.Fabius la semaine dernière. A la demande du groupe G77 (134 pays émergents et en développement, 80% de la population mondiale), la journée a été consacrée à l'amendement du projet d'accord, qui est ainsi passé de 20 à 34 pages. Leurs revendications concernaient notamment les financements promis par les pays du Nord au Sud et la prise en charge des dommages générés par le réchauffement. Ces ajouts «ont permis de corriger les déséquilibres» et «les craintes que le texte gonfle de manière disproportionnée ont été apaisées», s'est félicitée hier la présidente du G77, l'ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko, à la reprise des travaux. Mme Diseko était allée jusqu'à parler, lundi en réunion, d' «apartheid» si leurs propositions n'étaient pas prises en considération. «Nous les pays vulnérables, nous avons besoin d'un accord plus que d'autres, mais on ne peut pas signer n'importe quoi», a déclaré Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. «Maintenant, on peut discuter», a-t-il estimé. Les délégations présentes dans l'ancienne capitale allemande, siège de la convention de l'ONU sur les changements climatiques (Cnuccc), n'ont plus que quatre jours de négociations officielles avant l'ouverture le 30 novembre de la conférence de Paris (COP21). Leur mission est de parvenir d'ici vendredi soir à un projet d'accord accepté par tous et présentant clairement, sur les sujets clés, les options possibles qui devront être tranchées par les ministres lors de la COP21. Et elles sont nombreuses, de la question du financement des politiques climatiques au caractère contraignant ou non de l'accord. La COP est censée produire un accord historique car elle engagera l'ensemble des pays dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de contenir le réchauffement sous le seuil critique de +2° par rapport au niveau pré-industriel. «C'est notre fervent espoir que vous puissiez trouver un consensus pour nous donner un meilleur texte» pour la négociation de Paris, a dit aux délégués le co-président des débats, l'Américain Daniel Reifsnyder. «Nous voulons que la COP soit un succès, parce que ce sera notre succès» à tous, a dit la présidente du G77, Nozipho Mxakato-Diseko. «Après le psychodrame d'hier, nous sommes finalement assez avancés dans le processus», estime Mohamed Adow, de l'ONG Christian Aid. «Le texte reflète toutes les positions. Des éléments nouveaux s'ajouteront, d'autres seront supprimés, la bonne nouvelle est qu'on peut avancer». Cette journée de «crise était très importante, car elle a permis de recentrer l'attention de tout le monde sur ce que cet accord doit apporter à ceux qui en ont le plus besoin, notamment sur le plan financier», a dit Alix Mazounie, du Réseau Action Climat. Suivant les appels à la mobilisation déjà lancés par de nombreux leaders politiques mais aussi le pape, plus de 150 responsables religieux devaient publier hier à Bonn, un appel à saisir «une occasion unique de contribuer au bien commun de l'Humanité», qualifiant le changement climatique de «menace réelle pour la vie». Autre signe d'espoir pour le climat, la défaite aux élections canadiennes du gouvernement conservateur réticent à toute action climatique. Depuis Bonn, Greenpeace Canada a demandé aux nouveaux élus de revoir les objectifs de réduction de gaz à effet de serre d'Ottawa en vue de la COP21.