La forte dépense en produits alimentaires se traduit par une hausse de la facture. Le bras de fer qui oppose le gouvernement au comité des boulangers, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) risque de prendre une nouvelle tournure dans le cas où les revendications socioprofessionnelles ne sont pas satisfaites dans les plus brefs délais. La menace des boulangers de recourir à une grève illimitée, ayant engendré l'été dernier, pour rappel, une indescriptible panique aussi bien au niveau des pouvoirs publics que chez les différentes franges de la société, refait, encore une fois, surface. Accusant le gouvernement d'avoir failli à ses engagements, l'Ugcaa, affiliée à l'Ugta brandit de nouveau la menace d'une grève illimitée. Cette ultime mesure devrait être effective dans la deuxième quinzaine du mois de décembre prochain, selon Abdeslam Medjdoub, président du comité des boulangers, par le conseil exécutif. Au mois d'août passé, un débrayage a été évité de justesse après un préavis de grève, convient-il de préciser, émanant d'un comité représentant cette catégorie de commerçants. Réagissant à la menace, les services de la chefferie du gouvernement avaient rendu public un communiqué dans lequel était mentionné l'engagement de l'Etat à prendre en charge les doléances des contestataires. Parmi les promesses du gouvernement figurait également la célérité qui sera de mise dans la satisfaction par l'Etat des revendications énumérées par les boulangers. Depuis, le comité des boulangers attend l'application sur le terrain de ses revendications socioprofessionnelles. Mais devant le non-respect des promesses, le comité a décidé de passer à l'action en retenant le principe d'une grève illimitée . «La patience des boulangers quant à la satisfaction de leurs revendications par les pouvoirs publics a atteint ses limites», a déclaré M.Medjdoub. Et d'ajouter: «Nous envisageons, d'ores et déjà, le recours à la grève pour rappeler au gouvernement ses engagements.» Cette action de protestation vise à faire valoir les revendications des boulangers portant notamment sur «l'augmentation de leur marge bénéficiaire». Cependant les augmentations du prix de nombreux in-put (gaz...) décidées par la dernière loi de finances ne semble pas inquiéter les boulangers qui estiment que ces réajustements seront compensés par la marge bénéficiaire. D'autant que l'application de la loi ne sera effective qu'à partir du 1e janvier 2005. «Ce que nous demandons à l'Etat c'est d'assurer notre bénéfice. Cette revendication ne passe pas essentiellement par l'augmentation du prix du pain» souligne Abdeslam Medjdoub. D'ailleurs, le ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh a affirmé que l'Etat continuera à soutenir le prix du blé tendre, «comme cela est le cas depuis 1996». Le gouvernement, qui a sans doute pas mal de «pain sur la planche» devra néanmoins se décider au plus vite, au risque de subir un test décisif à travers cette forme de contestation sociale au moment où la facture alimentaire de l'Algérie a atteint 2,937 milliards de dollars durant les dix premiers mois de l'année en cours, contre 2,200 milliards durant la même période de 2003, selon les données du Cnis des services des douanes. Cette hausse de 737 millions de dollars traduit, une fois de plus, la forte dépendance du pays en produits alimentaires en dépit de la croissance agricole notable. Les dépenses en céréales et en produits céréaliers, qui occupent toujours le premier rang dans la structure des importations du groupe alimentaire, ont atteint 1,143 milliard de dollars.