Un mouvement de débrayage national et général sera observé à la fin du mois en cours. Après des tergiversations ayant duré plus d'une année, les boulangers prennent enfin leur décision finale. Les fabricants de pain observeront, le 26 et 27 février, une grève nationale et générale. Cet ultime recours a été décidé hier, suite à la réunion du comité national des boulangers affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Un préavis de grève a été déposé hier auprès du ministère du Commerce. «Toutes les tentatives de dialogue et de négociations entamées depuis plus d'une année, avec les autorités publiques pour obtenir nos droits légitimes légalement formulées, n'ont abouti à aucune solution juste et adéquate», a déclaré le président du comité national des boulangers, Benabdeslam Medjdoub. «Maintenant la balle est dans le camp du gouvernement. C'est à eux de prendre la décision nécessaire», a-t-il ajouté. En effet, cet ultime recours intervient deux mois après que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est engagé à prendre les mesures devant permettre aux boulangers de réaliser des marges bénéficiaires. «Jusqu'à aujourd'hui, aucune solution n'est en perspective.» Pour M.Medjdoub, dans toutes les revendications légales transmises à l'Etat «nous n'avons jamais demandé l'augmentation des prix du pain. Seulement nos doléances, qui ont été d'ailleurs reconnues par le ministère du Commerce, ont trait à la marge bénéficiaire des boulangers. Voilà ce que nous demandons.» En outre, bien que le prix de la farine demeure toujours le même (2000DA/q), il n'en demeure pas moins que les prix des autres produits entrant dans la fabrication du pain ont connu de fortes augmentations à l'instar des autres charges. En ce sens, on cite les prix du gasoil, de l'électricité, de l'eau... ce qui fait que la marge bénéficiaire devient insuffisante. Dans son intervention à l'occasion de la 25e session du Conseil national économique et social (Cnes), le chef de l'Exécutif a écarté l'éventualité de la hausse des prix du pain. Ce discours n'a pas été du tout du goût des boulangers. «Nous sommes d'accord que les prix du pain restent inchangés, cependant il faut qu'on nous propose d'autres solutions susceptibles de minimiser les pertes que nous subissons», a indiqué Benabdeslam Medjdoub. Le conférencier a estimé que la solution doit venir des secteurs concernés, à savoir les ministères du Commerce, des Finances et de l'Agriculture. Concernant la structure des prix élaborée, le 11 janvier 2004, par le comité national des boulangers, M.Benabdeslam a estimé qu'elle est dépassée. «Le prix de revient de la fabrication d'une baguette de pain ordinaire a augmenté, notamment, avec l'augmentation de tous les produits. Si on veut faire de la politique sociale, on ne le fera pas sur le dos des boulangers» a-t-il martelé. «Il faut reconnaître quand même que les conditions de travail des boulangers d'Alger ne sont pas pareilles à ceux de l'intérieur du pays. Là-bas, ils n'ont pas de gaz de ville, mais ils utilisent du mazout.» Il convient de souligner enfin que les boulangers assureront, au cours des deux jours que durera leur mouvement de débrayage, le service minimum. Ainsi les services de santé seront normalement alimentés.