Dix ans après les émeutes qui avaient embrasé les banlieues françaises, plusieurs milliers de personnes ont participé hier à une «Marche de la dignité» dans les rues de Paris, pour dénoncer violences policières, racisme et humiliations. La mort de deux adolescents le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-bois (région parisienne) avait provoqué trois semaines d'émeutes dans toute la France, les plus graves révoltes urbaines dans l'histoire des banlieues où vit une population défavorisée et souvent issue de l'immigration. Hier, une foule compacte, avec au premier rang des femmes, a défilé derrière une banderole «Marche de la dignité contre le racisme» en scandant «justice, réparations, unité». Les manifestants, certains arrivés en bus de différentes régions, sont partis du quartier populaire de Barbès, dans le nord de la capitale, à l'initiative de la Marche des femmes pour la dignité (Mafed), collectif de femmes soutenues par la militante américaine des droits civiques Angela Davis et des dizaines de personnalités et d'associations luttant contre les discriminations. «Aujourd'hui en France, si vous n'avez pas la bonne couleur de peau (...) vous pouvez mourir aux mains de la police», a lancé au micro la porte-parole de la Mafed, Amal Bentounsi. Selon cette dernière, dont le frère a été tué par un policier en 2012 alors qu'il tentait d'échapper aux forces de l'ordre, «on stigmatise les gens issus des quartiers populaires, il y a un mépris». Dans le cortège, on pouvait voir des banderoles telles que «nos quartiers ne sont pas des stands de tir» et des drapeaux palestiniens.