img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P151103-09.jpg" alt=""L'Algérie n'est pas faite pour le cinéma"" / En butte à maintes tracasseries bureaucratiques, c'est un réalisateur amer et déçu qui nous avouera avoir «passé la main et laissé tomber le projet» de l'adaptation cinématographique du roman Alger sans Mozart (Dalimen). Alexandre Arcady était l'hôte dimanche dernier du Salon international du livre d'Alger, dans sa 20e édition, l'espace d'une projection-débat de son dernier film Ce que le jour doit à la nuit, adaptation du livre de Yasmina Khadra. Dans la salle Maâchi de la Safex et devant un auditoire plus ou moins épars, le réalisateur de Là-bas mon pays, a choisi utile d'évoquer d'abord, la genèse de ce film ou comment est-il parvenu à le réaliser et le faire sortir enfin en 2012. «Il y a eu tellement de téléchargements du film, un million trois cent mille, que je me suis demandé s'il va y avoir des gens dans la salle, eh bien! vous êtes là». Aussi, la projection non pas en decp mais en dv j'invite les gens à se rapprocher car je ne connais pas encore la qualité de l'image..», a-t-il annoncé en préambule. Et puis de dire quelques mots sur cette adaptation cinématographique qu'il qualifiera d'«aventure hors normes pour le cinéaste que je suis et qui a été toujours attentif et proche de cette terre algérienne qui est aussi ma terre. Cette Algérie représente énormément de choses pour l'homme, le citoyen et le cinéaste que je suis, puisque mon premier film s'appelait depuis le film Vent de sirocco qui racontait déjà une partie de cette Algérie que j'ai quittée alors que j'avais 13 ans. Les souvenirs sont très vivaces et très forts même ancrés. Je n'aurais jamais cru qu'un jour j'aurai l'opportunité de faire le film que j'ai rêvé de faire depuis toujours. Et je ne savais pas comment cela arriverait. En faisant un film comme Le grand carnaval, Là-bas mon pays?, j'attendais de faire ce film important, cette somme d'émotion que j'avais engrangée, que j'ai toujours engrangée. Le hasard, mais est-ce qu'il existe? C'est plutôt le destin.». Et de confier comment il est parvenu à réaliser ce film... «Il y a quelques années j'étais en vacances. Comme je reste toujours attentif aux choses qui se passent dans le monde et les événements qui secouent la planète eh bien, je lis donc les journaux et à l'étranger un jour alors que j'étais en train de lire Le Figaro, je tombe sur une page entière, sur un livre qui allait sortir, il s'appelait Ce que le jour doit à la nuit. J'ai lu avec avidité le compte-rendu et j'ai eu le sentiment immédiatement qu'il fallait faire un film. Je n'avais pas encore lu le livre. Je savais que c'était un signe du destin. J'ai essayé de joindre l'éditeur, c'était l'été. Il n'y a pas grand monde. On n'arrivait pas à me procurer ce roman et mon fils, que j'ai eu au téléphone, je lui ai demandé en passant par Orly de regarder si on ne le trouvait pas en librairie. Il arrive à l'aéroport et encore un signe du destin, à Orly, la vendeuse lui répond que le livre n'est pas encore arrivé. Au même moment quelqu'un ramenait un paquet. Le livre était arrivé le matin. C'étaient les premières ventes. J'ai dévoré ce roman avec fouge, émotion. Je trouvais d'abord qu'il avait une patte, une écriture formidable. Une histoire d'amour incroyable que je ne connaissais pas. Ni vu ni entendu parler. Il fallait que je fasse ce film!» Arcady laisse planer le doute, l'espace de quelques secondes avant de rajouter devant un auditoire attentif, composé entre autres de l'ambassadeur de France, de l'attachée culturelle et le conseiller de l'ambassade de France.: «Mais il y avait un long chemin entre le film que je devais faire et l'acceptation de l'auteur!». Et de rajouter toujours posément: «J'ai contacté son éditrice qui m'a dit que c'est une personnalité un peu difficile. Elle m'a demandé de lui écrire une lettre. Je pense qu'il a été sensible à ce que j'ai écrit. On a déjeuné ensemble. Le courant est passé. Je lui ai dit simplement que c'est impossible que je ne fasse pas ce film. Un film écrit par un Algérien, tourné par un Français d'Algérie, c'est exactement cette union sacrée qu'il faut autour de ce livre. Nous nous sommes quittés et il m'a envoyé un texto en me disant:c'est toi qui va réaliser ce film car j'ai vu en toi Jonas que j'ai écrit dans ce roman. L'aventure a commencé. Ça a été exceptionnel.» Cependant, Alexandre Arcady ne finira de parler qu'après avoir souligné un grand, grand regret: «que le film n'ait pas été tourné entièrement en Algérie. Ce n'est pas facile d'obtenir les choses que l'on souhaite quand on est en Algérie, il y a quand même des rouages administratifs qui sont complexes. J'ai quand même réussi à tourner une quinzaine de jours à Alger et Oran, le reste à Tunis, au moment de la révolution du Jasmin. Ce film a été réalisé dans une fougue, une foi, un engouement exceptionnel!». Approché par nos soins afin d'en savoir plus sur son supposé projet d'adaptation d'un autre roman où l'intrigue se passe en Algérie, depuis la guerre d' Algérie à nos jours, à savoir le roman Alger sans Mozart, écrit à quatre mains par le Français Michel Canesi et l'Algérien Jamil Rahmani racontant une saga franco-algérienne, le réalisateur Alexandre Arcady nous avouera finalement qu'il a «passé la main». Eh bien non, il ne réalisera pas cette belle fiction imagée sur deux mondes toujours en butte à l'amour vache, du «je t'aime, moi non plus...» Est-ce cela qui fera que l'Algérie demeure frileuse à ce projet cinématographique? En tout cas, pour Arcady, l'Algérie n'est pas un pays à cinéma. Il y a trop de bureaucratie. Il n'y a pas vraiment de politique pour faire des films. Je l'ai toujours dit, il y a une grande différence entre l'accueil positif dont je fais l'objet et celui du cinéaste qui veut venir réaliser un film et qui se trouve toujours en butte à plein de rouages administratifs. J'ai laissé tomber car c'est très difficile de faire un film dans ces conditions. Pour Ce que le jour doit à la nuit, j'ai tourné dans de mauvaises conditions. C'était plutôt un cadre de reportage plutôt qu'un film. J'ai laissé tomber le projet...»