C'est incontestablement la meilleure participation du livre amazigh au Salon international du livre depuis sa relance en 2000 et cela, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. En accédant au Pavillon central, à votre droite, vous pouvez découvrir des centaines de livres, tous écrits dans la langue de Massinissa. Il s'agit du stand dédié au livre amazigh et chapeauté par le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA). De nombreux éditeurs spécialisés dans le livre amazigh y prennent part. Il s'agit des Editions Identité, Tira, Achab, Assirem, Anzar, les Editions Numidia d'Oran... L'endroit est aussi mis à profit pour présenter et proposer des tablettes avec une application en tamazight. C'est aussi la première fois que la variante chaouie de la langue amazighe est présente au Salon international du livre, dans le même stand grâce à la participation des éditions Anzar qui proposent pas moins de six livres dans cette version. Il est évident de dire que depuis le premier jour de l'ouverture dudit salon, l'affluence sur le stand de tamazight est extrêmement importante. Dès l'ouverture des stands à dix heures du matin, l'espace tamazight ne désemplit pas. Des dizaines de visiteurs sont agglutinés constamment aux alentours de cet espace. Ils sont berbérophones, mais aussi arabophones, curieux de découvrir les publications qui paraissent dans une langue certes plusieurs fois millénaire, mais qui renaît à peine de ses cendres, faut-il le rappeler. Présent au stand du livre amazigh, El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité nous a confié qu'au HCA, ils ont jugé nécessaire de concrétiser l'idée d'une centrale du livre amazigh. La majorité des éditeurs concernés ont répondu à l'appel, selon notre interlocuteur. Et c'est à partir de là qu'un espace a été spécialement dédié au livre amazigh à l'occasion de la tenue du Sila. «C'est aussi une manière de soutenir les éditeurs du livre amazigh pour pouvoir faire face aux frais de location des stands mais aussi, il s'agit d'un soutien des auteurs qui éditent à compte d'auteur. Cette initiative comprend en outre un programme de ventes-dédicaces quotidiennes avec des écrivains en tamazight», ajoute El Hachemi Assad. Aussi, afin de permettre à cette dynamique du livre amazigh de se maintenir et se développer, le Haut Commissariat a mis les bouchées doubles, notamment en signant des conventions pour l'édition de livres amazighs dès l'année 2016 et ce, en partenariat avec de grands éditeurs du secteur public comme l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep), l'Office des publications universitaires (OPU) et l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag). «Actuellement nous disposons d'un stock de livres en tamazight fin prêts à l'édition. Il s'agit entre autres de travaux de consultings réalisés à la demande du HCA par des chercheurs-universitaires. Dans ce chapitre, nous avons 95 livres et la priorité sera donnée à ces derniers pour qu'ils soient édités en 2016», souligne El Hachemi Assad. Concernant la traduction de livres écrits dans d'autres langues vers tamazight, notre interlocuteur souligne que le HCA a déjà commencé cette entreprise et de nombreux livres ont été d'ores et déjà traduits à l'instar de «La nuit du henné» de Hamid Grine, «Tassilia» de Azeddine Mihoubi ainsi qu'un roman de Ahlam Mostaghanemi et d'autres titres encore. Pour notre interlocuteur, le HCA, dans sa nouvelle démarche, considère que la traduction des livres vers tamazight constitue une activité phare surtout que lors de la cérémonie d'ouverture de la 20e édition du Salon international du livre d'Alger, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a insisté sur le point inhérent à la traduction vers tamazight et l'arabe. Concernant le volet inhérent à la qualité et à la consistance des livres en tamazight à éditer dorénavant, El Hachemi Assad nous a révélé que depuis trois ans, le HCA s'est doté d'un comité de lecture qui dispose des compétences nécessaires pour effectuer ce travail et pour filtrer les ouvrages proposés par les auteurs. «Nous avons également décidé de veiller à assurer un équilibre entre les genres littéraires des livres à publier. Si jusque-là, la poésie en tamazight a eu la part du lion en matière d'édition, il est temps de donner la chance aux autres genres comme la nouvelle, le roman et surtout aux traductions», affirme notre interlocuteur. Ce dernier insiste sur un autre élément, c'est le fait qu'il est aussi temps d'encourager l'écriture et l'édition dans les autres variantes de la langue amazighe comme le chaoui, le mozabite, le targui, etc. Dans ce sillage d'ailleurs, six livres en variante chaouie viennent d'être édités à l'occasion du Sila par les éditions Anzar, apprend-on. Comme on peut le constater, le livre amazigh semble avoir de beaux jours devant lui. Et toutes les parties concernées par ce créneau ne cessent de multiplier les efforts afin d'être à la hauteur des attentes des lecteurs potentiels.