Plus de 400.000 enfants syriens réfugiés en Turquie sont privés d'éducation, ce qui expose toute «une génération à de grands risques», a affirmé hier Human Rights Watch (HRW). «Ankara et ses partenaires internationaux doivent rapidement se mobiliser pour améliorer le taux de scolarisation des enfants syriens», a souligné l'ONG, dans un rapport de 61 pages. Pour l'une des auteurs du rapport, Stephanie Gee, «ne pas fournir une éducation aux enfants syriens expose toute une génération à de grands risques». «Sans véritable espoir d'un avenir meilleur, des réfugiés syriens désespérés pourraient décider de risquer leur vie pour retourner en Syrie ou pour entreprendre un dangereux exode vers l'Europe», a-t-elle ajouté dans un communiqué de HRW. En vertu de sa politique de «porte ouverte», la Turquie a accueilli officiellement depuis 2011 quelque 2,2 millions de Syriens qui ont fui la guerre dans leur pays. Seuls 250.000 d'entre eux vivent dans des camps, les autres ayant préféré s'installer dans les villes du pays, où la plupart vit dans une extrême précarité. Selon les chiffres du gouvernement turc cités par HRW, 212.000 des 708.000 Syriens en âge d'être scolarisés étaient inscrits dans le système éducatif public turc en 2014-2015. Pour survivre, de nombreux enfants syriens sont contraints à la mendicité ou à travailler illégalement en échange de salaires de misère. Les autorités turques ont officiellement accordé en septembre 2014 aux enfants syriens un accès au système scolaire turc mais leur intégration demeure limitée, notamment en raison de la langue, le manque de moyens et d'information et le rejet d'une partie de la population turque, déplore l'ONG. «Les bailleurs de fonds et le gouvernement turc devraient s'assurer que les enfants syriens soient scolarisés, afin de leur fournir dès maintenant un certain niveau de stabilité, mais aussi de protéger leur avenir à plus long terme», a estimé Mme Gee. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) estime à près de 3 millions le nombre d'enfants syriens privés d'éducation par la guerre, à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Depuis plusieurs mois, de nombreux Syriens ont quitté les côtes de la Turquie, souvent dans des conditions très périlleuses, pour se rendre dans les îles grecques, point d'entrée vers l'Union européenne (UE).