L'Algérie est en retard par rapport à ses voisins Yassa Noureddine, directeur général du Cder, explique que les programmes existent depuis des années, mais la stratégie pour leur application fait cruellement défaut. Avec une capacité en matière de déploiement des énergies renouvelables avoisinant les 22 gigaWatt à l'horizon 2030, l'Algérie n'arrive pas à décoller dans ce domaine, et se trouve largement dépassée par le Maroc qui non seulement est en phase de satisfaire la demande interne, mais compte exporter vers l'Europe en 2016. L'invité de la Chaîne 3, jeudi dernier, Yassa Noureddine, directeur général du Cder (Centre de Recherche dans le domaine des énergies renouvelables), explique que les programmes existent depuis des années, mais la stratégie pour leur application fait cruellement défaut. A ce rythme, ce retard considérable dans l'émergence d'une politique commerciale des énergies renouvelables, coûte tous les jours à l'Algérie un manque à gagner qui pourrait se chiffrer en millions de dollars. Et ce, en plus du fait que, une fois arrivée sur le marché international, l'énergie renouvelable commerciale algérienne ne sera pas compétitive, et par voie de conséquence, elle ne sera pas exportable. En somme, il est clair que l'Algérie développe les programmes et les politiques adéquats dans ce domaine, mais ce sont les pays voisins qui les appliquent. A cela le directeur du Cder explique que l'Algérie dispose de tous les moyens pour s'installer de façon forte dans ce domaine, mais les contraintes sont nombreuses et diverses. Parmi les plus importantes citées par M. Yassa, figure la politique sociale et précisément la subvention des prix de l'électricité, qui ne laissent aucune attractivité sur le terrain pour l'énergie renouvelable, d'autre part, l'absence d'une industrie dédiée aux énergies renouvelables représente un obstacle de taille. Du fait que les projets en cours de réalisation au nombre de 20 unités d'une capacité de 400 mégaWatt, sont des projets «clés en main». Autrement dit, ils sont le fruit d'une importation à 100%, autant pour l'étude et l'approvisionnement que pour la construction. Au demeurant, toute l'interrogation est de savoir si il est possible de rattraper ce retard qui intervient dans une conjoncture où l'Algérie a perdu 45% de ses réserves financières, suite à la chute des prix du baril et affiche un besoin accru en la diversification de son économie. A cela, le directeur général du Cder, explique que les énergies renouvelables peuvent être une alternative pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, mais pour ce faire, il faut lever tous les obstacles «nous avons la matière première qui est un territoire vaste et riche en silicium, nous avons un ensoleillement parfait durant toute l'année, et la volonté est pleinement affichée, il faut se mettre à l'action et refléter tous ces programmes sur le terrain» éclaire M.Yassa qui précise que pour ce faire, une stratégie et des mécanismes doivent être mis en oeuvre pour réaliser ce programme, ainsi qu'une ouverture sur les entreprises privées et sur le financement extérieur qui s'avèrent indispensables. Il s'agit de réduire les coûts d'installation et de développement des énergies renouvelables, pour rendre leur commercialisation attractive. Dans ce sens le directeur général du Cder évoquera également le problème épineux du foncier, et expliquera que, malgré la disponibilité de ce dernier, les entraves pour son attribution existent toujours. Cependant, M.Yassa se réjouit des nouvelles dispositions qui confèrent le droit au seul wali pour la distribution du foncier. Par ailleurs, le DG du Cder relève l'importance de la conférence au sommet international sur le climat, dont la vice-présidence sera assurée par l'Algérie, la fin du mois prochain à Paris. Il explique que tout l'enjeu de cette rencontre réside dans l'instauration d'un accord qui contraindrait les pays membres à réduire considérablement l'émission de gaz à effets de serre, et précise que dans ce domaine l'Algérie occupe une place honorable, avec un indice de réchauffement de l'ordre de 2 à 3,5 degrés. Dans ce sens, M.Yassa indique que l'Algérie défendra sa position lors de cette conférence, notamment sur la responsabilité historique des pays, sur le réchauffement climatique, et précise que les pays industrialisés sont les vrais pollueurs. A cet effet, la taxe qui sera instaurée lors de cette rencontre ne peut faire réellement l'objet d'une équité. Du fait que le mix énergétique de l'Algérie se compose essentiellement de gaz, qui est un combustible à faibles effets de pollution. Dans ce sens, si une taxe est instaurée pour tous les pays membres, l'Algérie souffrira de deux plaies, celle de la crise pétrolière, et d'une taxe de pollution pour laquelle elle n'aura aucune responsabilité.