Même en relevant plusieurs dysfonctionnements, le Cnes n'a pas été pour autant «trop» critique envers l'Exécutif. Le président du Cnes, Mohammed Salah Mentouri, a appelé hier, à un dialogue social pour dépassionner le débat sur les privatisations dans le but d'obtenir une adhésion sociale à ce choix. «Seul le dialogue serein et le pragmatisme peuvent concourir à dessiner un mode opératoire faisant de la privatisation, non un facteur de division, mais un levier supplémentaire pour irriguer une dynamique soutenue de la croissance», a déclaré M.Mentouri, dans son allocution d'ouverture des travaux de la 25e session plénière du Cnes hier, au Palais des nations. Auparavant, le président du Cnes a relevé l'absence d'une vision globale, intégrée et partagée en matière de restructuration industrielle. Un déficit qui, selon le président du Cnes, rend confus les contours du débat sur les privatisations. «Les enjeux de la privatisation n'émergent pas au grand jour pour espérer obtenir leur validation sociale», a en effet déclaré le président du Cnes qui a mis dos à dos les chauvins de la privatisation et les réfractaires à cette option: «Présentée par les uns comme une panacée à tous les dysfonctionnements de l'économie, elle est perçue par ailleurs comme une volonté unilatérale d'essence idéologique». Non sans relever plusieurs dysfonctionnements, le rapport de la conjoncture économique du Cnes pour l'année 2004 présenté hier, n'a pas été pour autant «trop» critique envers le gouvernement Ouyahia. «Notre économie se porte mieux, mais ne se porte pas encore bien», a souligné M.Mentouri qui a insisté surtout sur l'absence d'une vision planifiée de l'économie: «L'annonce d'un plan quinquennal a été saluée comme un signal positif, consacrant la réhabilitation de la vision à long terme, comme maillon névralgique du développement. Elle seule permet d'éviter de s'en remettre aux choix opérés sous l'empire de l'urgence.» Il faut rappeler que l'une des recommandations du rapport de conjoncture du Cnes pour l'année 2003 a été justement la réhabilitation de la planification qui fait défaut dans les visions économiques nationales. Aussi pour le Cnes, le Prse (Plan de soutien à la relance économique) a permis de réanimer des espaces dévitalisés, et d'engager des actions de réduction des déficits sociaux. «Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette expérience. En particulier, les projets doivent s'inscrire dans une planification intégrée et s'appuyer sur une large concertation, comme condition essentielle de validation sociale pour servir de support à un pacte de solidarité pour la croissance et le développement», a affirmé le président du Cnes, soulignant que «seule une telle approche est susceptible (...) d'apporter les réponses adéquates (...) et à venir à bout des socles réfractaires, sur lesquels se cristallisent les positions rentières et l'informel».