A peine sorti d'une crise qui a failli l'emporter, le FFS donne l'impression de vouloir rattraper le temps perdu. Quelques jours après le RND qui a planché sur le rôle des médias en Algérie, le FFS et le MDS sortent de leur silence et passent, chacun de son côté, à la conquête du terrain perdu. Ces deux formations de l'opposition que tout sépare, organisent des manifestations politiques, dans le but de sensibiliser les citoyens sur «les dérives du pouvoir» pour l'un et «l'alternative sociale» pour l'autre. Le Front des forces socialistes organise demain à la Maison de jeunes de Bouzaréah à Alger une «conférence-témoignage» sur la situation des droits de l'homme en Algérie. Le parti d'Aït Ahmed dont la dernière sortie publique à Aïn Benian, le 31 octobre dernier, a été une belle réussite en termes de mobilisation populaire, espère sans doute rééditer l'exploit, même si le leader charismatique du parti ne participera pas à la manifestation politique de demain. Cela dit, le vieux parti d'opposition n'en a pas moins l'intention de mettre tous les atouts de son côté en mettant sur la balance son premier secrétaire, Ali Laskri, qui coanimera la conférence avec Mustapha Bouchachi, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. Dans le communiqué annonçant la tenu de ladite conférence, le FFS, à travers un certain nombre d'interrogations qui renvoient toutes à la situation des droits de l'homme et à la «répression systématique», dont sont victimes les citoyens, semble beaucoup tenir au concept de «dissidence citoyenne nationale». C'est autour de cette notion, évoquée par le parti d'Aït Ahmed en pleins événements de Kabylie, que va sans doute porter l'essentiel des interventions. Le FFS ne désespère donc pas de fédérer la colère citoyenne pour lui donner un contenu politique concret. A peine sortie d'une crise qui a failli l'emporter, le FFS donne l'impression de vouloir rattraper le temps perdu en réinvestissant le terrain politique. Seulement, il est très difficile de spéculer sur un éventuel succès de la conférence-témoignage de demain, sachant les Algériens peu amènes à suivre les formations politiques sur le terrain des revendications ayant trait à des aspects immatériels. De son côté, le MDS, qui, après s'être radicalement opposé à tout le processus politique de ces dernières années revient sur la scène nationale avec un discours moins dur, organise une journée débat sur le thème de «perspectives citoyennes». Un rendez-vous annuel que le mouvement veut un espace de dialogue et de concertation autour du thème qui intéresse la société. Pour cette édition, le MDS propose un colloque sur «l'alternative de transformation sociale et les questions liées à l'emploi et à la protection sociale». Une manière d'amener le citoyen à se pencher sur les sujets qui le concerne au plus haut point. Bien que sans prétention politique immédiate, l'initiative du MDS est à même de donner aux Algériens l'opportunité d'avoir un autre son de cloche que celui des pouvoirs publics sur des sujets qui font quotidiennement l'actualité en Algérie. Cela étant, ces sorties publiques de deux partis de l'opposition ne donnent pas l'impression d'être le prélude à un réinvestissement du terrain par cette même opposition qui fait, faut-il le souligner, triste mine face à une alliance au pouvoir qui évolue sans aucun contre-pouvoir efficace.