«Une société de liberté est une société où vous êtes libre d'être impopulaire sans pour autant que votre vie soit en danger.» De Adlaï Stevenson Le film tant attendu aux JCC du Marocain Nabil Ayouch «Much Loved» a été finalement projeté deux jours après les attentats de Tunis. Selon la presse locale, il n'y avait déjà plus de tickets dans les guichets. Plus encore, devant le cinéma Le Colisée la file d'attente atteignait la porte d'entrée de l'espace commercial. Mais après la projection, les Tunisiens sont sortis profondément déçus, un reportage diffusé sur Mosaïque FM, la radio la plus entendue mais aussi la plus regardée en raison de ses nombreuses vidéos. D'ailleurs cette dernière a été reprise par le portail de vidéo marocain Chouf TV, qui mène une campagne agressive contre le film de Nabil Ayouch. Dans un compte rendu de la projection, une grande partie des spectateurs tunisiens, en majorité des femmes est sortie avant la fin du film, choqué d'abord par le langage vulgaire que le réalisateur Nabil Ayouch a voulu imposer aux téléspectateurs des JCC, mais surtout en raison de l'absence d'histoire dans le film. La majorité des intervenants ont déclaré que ce film ne convient pas pour les JCC, qui possèdent un public très varié. Dans la première intervention filmée, une jeune Tunisienne, a justifié son interdiction dans la majorité des pays arabes, indiquant que ce film ne doit passer dans les cinémas, mais sur les sites. Une autre femme visiblement très déçue par le contenu du film a déclaré que ce film n'est pas digne des JCC. Un autre intervenant a précisé que le réalisateur marocain Nabil Ayouch a travaillé sur la grossièreté et sur la misère de la société marocaine pour garantir le succès du film. Une autre intervenante a expliqué qu'elle est sortie non pas à cause des scènes osées du film mais surtout en raison de l'absence d'histoire, d'un fil conducteur, précisant que le film n'avait pas d'intrigue et de travail artistique réel. Plus contrastée, une dame affirme que le film montre la réalité. «Si c'était un film européen, avec des acteurs européens, on aurait accepté la chose, mais qu'on découvre que c'est la société arabe et maghrébine c'est normal qu'on est choqué.» Dans ce sujet audiovisuel de 3mn30, sept interventions sont négatives, seule la dernière intervention d'un homme assez âgé défend l'orientation biaisée du film. Nabil Ayouch, qui est né d'un père marocain et d'une mère tunisienne a tenu à présenter son film polémique dans le Maghreb pour prendre la température du succès du film dans la société maghrébine. Soutenu par le président des JCC Brahim Letaief, le réalisateur marocain a défendu son film comme il le pouvait, même si le nombre des spectateurs à l'entrée, n'est plus le même à la sortie. Dans la revue de presse des JCC, peu d'articles de la presse tunisienne sont consacrés au film, seuls les médias occidentaux notamment français, canadiens, espagnols et le magazine électronique américain huffpostmaghreb, versions marocaine et tunisienne ont médiatisé la projection du film sans en faire une critique artistique ou donner la parole à d'éventuelles critiques tunisiens. Le film «Much loved» s'est verticalement transformé en «Much hated». [email protected]