Séquestré, torturé puis laissé pour mort, Mehdi Sari n'a eu la vie sauve que grâce à l'aide de riverains. Toute la capitale ne parle que de cela. L'enlèvement et la torture du jeune Mehdi, mercredi dernier, dans une villa à Moretti, a suscité une vague d'indignation d'une grande ampleur parmi les citoyens, qui s'interrogent comment une chose aussi grave a eu lieu, de surcroît, à l'intérieur d'une résidence d'Etat que même le terrorisme, quand il était à son apogée, n'a pas pu approcher. Séquestré, torturé puis laissé pour mort au bord de la route du côté de Ouled Fayet, Mehdi Sari n'a eu la vie sauve que grâce à l'aide de riverains qui l'ont trouvé par hasard dans le coma, luttant contre la mort, à moitié nu sur la chaussée, en ce début d'hiver. D'après le récit de la victime, qui était toujours, hier, hospitalisée dans une clinique à Chéraga, c'est le fils du directeur de la résidence d'Etat (Moretti) qui est derrière ce qui vient de lui arriver. Selon son témoignage, ils étaient plusieurs «tortionnaires» à l'avoir violenté, durant des heures, dans une villa qui appartenait à un riche homme d'affaires algérien. Sérieusement amoché, le jeune Mehdi, âgé de 19 ans, sera jeté par la fenêtre dans le but apparent de l'achever. D'après les premières déclarations du père du principal accusé dans cette affaire, son fils serait totalement innocent. Dans une déclaration à Liberté, hier, le directeur de l'EGT Sahel affirme même que la victime est un «escroc» et que toute l'histoire relève d'un règlement de comptes. Mais d'après nos informations, au contraire, le jeune Mehdi Sari est un étudiant exemplaire. Cela dit, même si Mehdi est réellement ce que prétend le père de l'accusé, personne ne détient le droit de se faire justice lui-même et, de surcroît, en utilisant des méthodes qu'on croyait bannies et révolues. En tous les cas, l'affaire est entre les mains de la justice, puisque le procureur de la République près le tribunal de Chéraga a ordonné une enquête qui a conduit à la garde à vue du principal accusé. D'après des sources concordantes, tous ses complices ont été identifiés et seront présentés aujourd'hui devant le procureur. Les griefs retenus contre les «malfrats» qui semblent sortir d'un autre âge sont «enlèvement, séquestration, torture, tentative d'homicide volontaire». Ils risquent des peines de prison très lourdes. Mais ce qui suscite l'interrogation ce sont les informations qui nous sont parvenues, hier. En effet, il semblerait que l'un des complices du fils du directeur de la résidence d'Etat aurait quitté le territoire national. Si cette information venait à être confirmée, inévitablement, le mis en cause aurait bénéficié de complicités et pas des moindres. Reste à savoir à quel niveau se situent celles-ci en sachant pertinemment que pour quitter le pays, en plus des moyens matériels, il faut un certain nombre de procédures et un visa, quand il s'agit d'un pays européen. En tout état de cause, la justice saisie de l'affaire doit faire la lumière, toute la lumière sur des faits d'une extrême gravité. Le châtiment doit également être exemplaire pour dissuader les candidats à ce genre de dérive, d'autant plus qu'il est connu à Alger que des enfants de responsables «forts» du poste qu'occupe leur papa se comportent en véritables «tyrans». Même les policiers en faction ne sont pas épargnés puisqu'ils sont nombreux à se plaindre à leurs supérieurs du comportement de ses petits «rejetons». Impuissants, de peur de représailles, les mêmes «supérieurs» encaissent le coup et passent l'éponge. Si la loi est scrupuleusement appliquée sur les citoyens de «seconde zone» pour avoir commis des délits beaucoup moins graves, il est temps, pour le salut de l'Algérie et de ses institutions, d'instaurer un seul collège pour que ce peuple meurtri puisse reprendre espoir dans son propre pays.