Le secrétaire général de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea) ne mâche pas ses mots. L'Expression: L'université algérienne bouillonne à la faveur de plusieurs manifestations qui ont secoué, ces derniers temps, les facs et cités universitaires. Qu'est-ce qui motive ces mouvements? Brahim Boulegane : Sur le volet portant prise en charge sociale des étudiants, je considère que la rentrée universitaire de cette année a été un échec avéré. Pour preuve, quatre mois après la rentrée dite officielle, les problèmes d'hébergement, de transport et de surcharge persistent. Je tiens à affirmer aussi que l'Office national des oeuvres universitaires (Onou) n'a pas assumé ses responsabilités. Chose qui contredit l'optimisme démesuré affiché par les responsables. Le fort taux de réussite au Bac durant l'année écoulée serait-il à l'origine de cette grogne? D'un côté, je confirme la vraisemblance de cette hypothèse, parlant toujours du volet lié à la prise en charge sociale des nouveaux bacheliers. Car les infrastructures existantes ne pouvaient accueillir le nombre important d'étudiants. J'estime, en effet, que les pouvoirs publics ne se sont pas préparés à cet état de fait. D'ailleurs, en tentant de crever l'abcès, il faut savoir que l'on a hébergé des étudiants dans des résidences qui sont toujours en cours de construction. Pire, d'autres cités ont été construites, provisoirement, dans des régions connues pour leur insécurité flagrante. Cependant, sur le plan pédagogique, les inscriptions se sont déroulées normalement, mais le problème qui se pose, c'est le manque d'encadrement pédagogique. Je prévois aussi, en tenant compte du manque flagrant en matière d'encadrement et d'infrastructures, une possible crise lors des sessions d'examens. Selon certaines lectures et interprétations, des organisations estudiantines proches de certains partis politiques sont à l'origine des problèmes survenus au sein du campus, confirmez-vous cette information? Pour ce qui concerne l'Unea, nous n'avons aucune considération politique. Pour preuve, nous figurons en bonne place concernant les partenaires du ministère. D'ailleurs, dans l'une de ses dernières correspondances, le département de l'enseignement supérieur a sollicité notre organisation pour éviter et/ou canaliser le courroux estudiantin. Nous faisons donc de notre mieux pour garantir la stabilité au sein du campus, car je considère que le choix de la grève est un échec syndical et qu'avant d'opter pour ce choix, il faut privilégier, a priori, le principe du dialogue. Vous voulez dire qu'en dépit de cette situation catastrophique dans laquelle l'université algérienne s'est enlisée cette année, le recours à la grève et à la protestation est écarté par votre organisation? Nous avons accordé tous les délais au ministère et nous privilégions toujours la voie du dialogue. Cependant, le département de l'enseignement supérieur doit demander des comptes aux responsables de l'Onou, des facs et des résidences universitaires, car certains d'entre eux ont failli à leur devoir envers les étudiants. Les vacances d'hiver constituent le dernier délai accordé au ministère pour rétablir la situation. Faute de quoi, la grève et la protestation seront la seule et unique voie pour faire valoir les droits des étudiants.